Le dynamisme missionnaire : espérance de l’Eglise malgré la peur et l’angoisse
Les documents du concile Vatican II « Lumen gentium », « Gaudium et Spes »,« Ad gentes »… sont d’une grande importance pour permettre à l’Église de réactiver le dynamisme missionnaire. C’est pourquoi, l’exhortation apostolique « Evangelii nuntiandi » du pape Paul VI (en 1975) et la lettre encyclique « Redemptoris missio » du pape Jean Paul II (en 1990) sont particulièrement intéressantes sur le sujet. La mission est, en effet, l’identité même de l’Église basée sur le mystère de la résurrection du Christ. Cette mission a existé dès la première communauté chrétienne, que l’Église continue encore. Et puisque l’histoire de l’humanité n’est pas statique, ni close à une époque (voir par exemple le changement rapide de notre planète), il est urgent de voir tout près une nouvelle évangélisation pour ce troisième millénaire que saint Jean Paul II a lancée depuis son pontificat, dans le fait que la théologie de l’évangélisation est un sujet d’actualité qui mérite d’être redynamisé.
Le dynamisme existe dans les pays de mission. Par contre, les pays, soi-disant chrétiens au sens historique du terme, sont en « crise », comme si de plus en plus ils recherchaient leurs références du côté des « Lumières » plutôt que dans l’Évangile. Les populations de civilisation chrétienne glissent insensiblement dans l’indifférence ou l’athéisme pour diverses raisons : – raison politique : la laïcité virant au laïcisme, – raison culturelle : la science remplaçant la religion, – raison philosophique : la croyance en l’homme sans Dieu et la recherche de l’avoir à tout prix, etc.
La théologie de l’évangélisation est donc importante, non seulement parce que la plupart des pays chrétiens, sont presque déchristianisés, mais aussi parce que l’identité même de l’Église est missionnaire. Ce dynamisme missionnaire la pousse inlassablement à apporter la Bonne nouvelle dans le monde entier tant pour les pays en voie de christianisation que pour les pays évangélisateurs. A vrai dire, selon le Pape Paul VI « l’effort pour annoncer l’Évangile aux hommes de notre temps, exaltés par l’espérance mais en même temps travaillés souvent par la peur et l’angoisse, est sans nul doute un service rendu à la communauté des chrétiens, mais aussi à toute l’humanité ».
Cela nous fait comprendre que le dynamisme missionnaire fait partie de l’ordinaire de la paroisse dans le sens où tout chrétien est concerné. Mais cette évangélisation exige toujours le respect de la personne, de la culture des uns et des autres. C’est pourquoi depuis Jean Paul II, l’expression « inculturation » rentre dans le vocabulaire de la théologie catholique dans le but de mettre en évidence le fait que l’évangélisation doit s’adapter suivant le cas, le milieu et les endroits, car en pastorale il n’y a pas de solution absolue, mais une solution qui répond à la réalité à savoir l’importance d’articulation possible entre la foi et la raison, la foi et la culture…
Mais la formulation de nouvelle évangélisation est-elle juste ? Ne vaudrait-il pas mieux parler de nouvelles façons d’évangéliser ? Ce qui doit changer ce n’est pas l’Évangile mais les façons de l’annoncer. Nous disons les façons car on n’évangélise pas de la même façon un pays qui perd ce qui fut autrefois au fondement de sa civilisation et un pays dont les traditions sont éloignées du christianisme.
Bref, tout cela ne reste qu’une ambition humaine, une perspective théologique et pastorale utopique s’il n’y pas de présence de l’illumination de l’Esprit saint au fil de notre mission. Nous sommes et serons donc invités à recevoir en toute humilité l’Esprit saint et à répondre en toute confiance à l’amour infini du Christ qui s’est livré pour le salut du monde.
P. Jean-Berlin Mahaligny