Par le Père Fidèle Koeta
Chaque année, le deuxième dimanche de carême, nous entendons l’évangile de la transfiguration. Quel est le sens de cette transfiguration ? En quoi cette lecture peut-elle enrichir notre démarche de carême ? Peut-être, c’est en méditant sur les images, les faits et les personnages de la scène de la Transfiguration
La montagne : Saint Luc situe la scène de la Transfiguration sur une montagne qui n’est pas nommée, mais que l’on identifie aujourd’hui au Mont Thabor en Palestine. Dans les Écritures, la montagne est un symbole très présent pour marquer la proximité de Dieu. Elle est souvent le lieu où Il se révèle comme lors de la remise des dix commandements à Moïse sur le mont Sinaï. « Il les conduisit sur une haute montagne ». « La montagne, rappelle le prophète Isaïe, est la demeure du Seigneur, élevée au-dessus des montagnes » (Is 2,2 ; Mi 4,1).
Sur la montagne, Jésus révèle à ses trois disciples que sa vie est bien plus profonde que ce qu’ils voient ou savent : « Il fut transfiguré ». La transfiguration est donc un événement où Jésus montre qu’il est Un avec le Père (cf. Jn 10, 30) et qu’Il resplendit de la gloire éternelle du Père. Et dans ce dialogue, où « ses vêtements étaient très blancs, Jésus se révèle comme la lumière du monde (Jn 12,46). Le temps de carême est un temps où nous devons savoir nous « retirer » pour prier et découvrir Jésus, la lumière de nos vies.
La présence de Moïse et d’Elie : « Voici que leur apparurent Moïse et Élie, qui s’entretenaient avec lui. » Elie est le père des prophètes qui, ayant gravi la montagne, entend Dieu « à la voix d’une brise/un vent léger» (1 Rois 19,12) et Moïse, le gardien de la loi. En eux se concentre toute l’histoire de l’Ancien Testament.
Le nuage : « Un nuage vint du ciel… ». L’expérience de l’Exode continue de servir de toile de fond : la pénible marche du peuple dans le désert, guidé par une nuée (Ex 13,21ss) ; la nuée sur le mont Sinaï (Ex 19,16) ; la nuée qui accompagne « le tabernacle » (Ex 40,34-35) qui conservait « la loi » de Dieu, et, enfin, la nuée qui descend sur Jésus, qui dira « les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité » (Jn 4,23).
La Voix : « Celui-ci est mon fils bien-aimé : écoutez-le ! ». Au moment du baptême de Jésus, une voix est descendue du ciel (Mc 1,11). Mais maintenant cette même voix est aussi entendue par les disciples. Ce « Écoutez-le », c’est l’écho du Shema « Écoute, Israël » (Dt 6,4). Dans notre marche de carême, au milieu de ces multiples voix du monde, c’est Jésus, lui seul, qui doit maintenant être écouté : Il est la Parole vivante, la Parole de vie, de vérité (cf. Jn 14,6).
Quelles applications pour nous en ce temps de carême ? En montant avec Jésus sur la montagne, les disciples Pierre, Jacques et Jean vont être émerveillés, éblouis, comblés de paix et veulent que ce moment s’éternise : « Faisons trois tentes ». Nous vivons nous aussi des expériences au point de nous laisser tenter et dire « faisons trois tentes». Mais, au-delà des émotions, c’est l’écoute qui définit le disciple, le chrétien. L’écoute est faite d’obéissance et d’espérance. L’écoute active est le summum de l’expérience : « Écoutez-le »… « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi : écoutez-le ! ». Le chemin du Carême ne fait pas que nous rappeler le souvenir des évènements de la vie de Jésus. Il nous fait entrer dans un monde au-delà de nos espoirs humains et toucher du doigt le mystère d‘un Dieu qui se fait proche de nous si nous sommes de plus en plus attentives à la parole et à la présence de son Fils bien-aimé qui veut nous entraîner à sa suite dans ce temps du Carême qui nous est donné pour nous renouveler et nous préparer aux Jours Saints et à Pâques.