Par le Père Antoine Vairon
Thérèse est une des saintes patronnes de la jeunesse et une sainte qui parle aux jeunes. On se souvient comment le pape Saint Jean-Paul II nous avait fait le cadeau, lors des JMJ de 1997 à Paris, de la proclamer ‘docteur de l’Eglise’, présentant ainsi ses écrits comme une voie sûre dans notre quête de Dieu.
Mais une autre anecdote m’avait marqué lors des JMJ de 2016 à Cracovie, avec le pape François. Au cours des animations qui précédaient la première rencontre des deux millions de jeunes avec le pape, de grands portraits géants de saints et saintes, patrons de la jeunesse ont été progressivement dévoilés. Saint Stanilas Kotska, le bienheureux Pier Giorgio Frassati, sainte Joséphine Bakhita et d’autres ont été salués par des salves d’applaudissements. Mais lorsqu’est apparu le visage de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, une véritable clameur s’est élevée du parterre de jeunes originaires de presque toutes les nations connues sur notre terre. Grand cri de joie révélateur de l’affection de tous ces jeunes envers la petite religieuse carmélite de Normandie et aussi de la place qu’elle tenait dans leur vie de jeunes chrétiens. D’où vient un tel rayonnement ? Un tel attachement ?
Nous le savons bien, les saints et saintes que l’Eglise nous donne en modèles ne gagnent pas à être transformés en images d’Epinal ; les événements de leur vie ne sont pas une route dénuée d’aspérités. S’ils sont modèles pour nous, c’est précisément qu’au cours de leur existence, qui bien souvent n’a pas été épargnée par les épreuves, leur âme a su, guidée par Dieu, se frayer des chemins de Foi et de charité. Des chemins de lumière dont notre monde a besoin.
Sainte Thérèse, bien qu’elle ait perdu sa maman alors qu’elle n’avait que quatre ans, aurait-elle ensuite été épargnée du fait qu’elle a vécu dans le cadre restreint et protégé d’un carmel, de son entrée à 15 ans jusqu’à son décès précoce à 24 ans ? Il n’en est rien, et après de long mois de maladie, alors que celle-ci allait l’emporter à peine deux mois plus tard, voici le dialogue qu’elle eut avec Sr Thérèse de St Augustin venue lui tenir compagnie à l’infirmerie :
- « Dites-moi si vous avez eu des combats.
- Oh ! si j’en ai eu. J’avais une nature pas commode, cela ne paraissait pas mais moi je le sentais bien, je puis vous assurer que je n’ai pas été un seul jour sans souffrir, pas un seul.
- Mais on prétend que vous n’en avez pas eu.
- Ah ! les jugements des créatures. Parce qu’elles ne voient pas, elles ne croient pas ».
Quand on sait que rien n’est plus éloigné de la spiritualité de Thérèse que le dolorisme, on comprend la vérité pleine de finesse spirituelle de cette remarque. Et l’encouragement qu’elle procure.
Cette confidence est une invitation d’autant plus grande à aller nous recueillir auprès de ses reliques ce week-end car, quels que soient nos combats, visibles ou intimes, quelles que soient nos souffrances, petites ou envahissantes, Thérèse, notre sœur dans la Foi, nous guidera sur sa « petite voie de l’enfance spirituelle » où « c’est la confiance, rien que la confiance, qui doit nous conduire à l’Amour ! ».