Par le Père Antoine Vairon
En la solennité de l’Annonciation, dans laquelle l’Eglise contemple et célèbre l’Incarnation du Verbe de Dieu qui s’unit « en quelque sorte à tout homme » (Concile Vatican II), le pape François a offert à notre méditation, par l’intermédiaire du dicastère pour la Doctrine de la Foi une très importante déclaration sur la dignité de la personne humaine.
« Dignitas infinita » est un document qui a demandé conq années de maturation et d’écriture successives, ce qui donne à comprendre l’importance qu’il revêt comme enseignement de référence pour la pensée contemporaine.
« Une infinie dignité (Dignitas infinita), inaliénablement fondée dans son être même, appartient à chaque personne humaine, en toutes circonstances et dans quelque état ou situation qu’elle se trouve. Ce principe, pleinement reconnaissable même par la seule raison, fonde la primauté de la personne humaine et la protection de ses droits. L’Église, à la lumière de la Révélation, réaffirme et confirme sans réserve cette dignité ontologique de la personne humaine, créée à l’image et à la ressemblance de Dieu et rachetée dans le Christ Jésus. C’est de cette vérité qu’elle tire les raisons de son engagement envers les plus faibles et les moins dotés de pouvoir, en insistant toujours sur « le primat de la personne humaine et la défense de sa dignité en toutes circonstances ». » (n° 1)
Dès cette ouverture, apparaît ce qui va constituer un point majeur d’insistance de l’enseignement de l’Eglise : la dimension ontologique, de cette dignité. Fondée dans la personne elle-même, créée par la bonté de Dieu, sauvée par le Christ et promise par sa Résurrection à la perspective de le vie éternelle. Affirmation extrêmement nécessaire si l’on veut protéger la personne humaine de la fluctuation des opinions qui tendent à dénier à l’autre jusqu’à l’existence même, ou bien seulement l’aider « à dépasser la perspective réductrice d’une liberté autoréférentielle et individualiste, qui prétend créer ses propres valeurs sans tenir compte des normes objectives du bien et de la relation avec les autres êtres vivants » (n°26).
Pour cela, le document va introduire une « quadruple distinction du concept de dignité : dignité ontologique, dignité morale, dignité sociale et enfin dignité existentielle », qu’il prend le temps de décrire (n°7 à 9).
Le pape François s’est impliqué dans la préparation de ce document en demandant que soient explicitement abordées « les violations les plus graves de la dignité humaine », ce qui fait l’objet de la 4ème partie.
« Il faut reconnaître que s’oppose à la dignité humaine « tout ce qui s’oppose à la vie elle-même, comme toute espèce d’homicide, le génocide, l’avortement, l’euthanasie et même le suicide délibéré ». Porte également atteinte à notre dignité « tout ce qui constitue une violation de l’intégrité de la personne humaine, comme les mutilations, la torture physique ou morale, les contraintes psychologiques ». Et finalement « tout ce qui est offense à la dignité de l’homme, comme les conditions de vie sous-humaines, les emprisonnements arbitraires, les déportations, l’esclavage, la prostitution, le commerce des femmes et des jeunes ; ou encore les conditions de travail dégradantes qui réduisent les travailleurs au rang de purs instruments de rapport, sans égard pour leur personnalité libre et responsable ». (n°34). L’insistance porte spécialement sur la pauvreté, la guerre, le travail des migrants, la traite des personnes, les abus sexuels, les violences faites aux femmes, l’avortement, la gestation pour autrui, l’euthanasie, la mise au rebut des personnes handicapées, la théorie du genre, les changements de sexes, les violences numériques qui font chacun l’objet d’un développement spécifique.
Sujets qui résonnent tout particulièrement dans notre contexte français, en ce qui concerne la volonté d’introduire de nouvelles transgressions éthiques : l’euthanasie et le suicide assisté par des projets de lois en cours, la gestion pour autrui et les changements de sexe dans le lobbying médiatique.
La déclaration donne encore la parole au pape François dans la conclusion, lorsqu’il affirme que « ce document est comme une voie maîtresse, sur laquelle de nombreux pas en avant ont été faits, mais il en manque encore beaucoup, et malheureusement on fait parfois marche arrière. L’engagement pour les droits de l’homme n’est jamais terminé ! A cet égard, je suis proche de tous ceux qui, sans faire de proclamations, dans leur vie concrète de tous les jours, luttent et paient de leur personne pour défendre les droits de ceux qui ne comptent pas » (N° 63).