Par le Père David Antao Martins
Le 14 février dernier, l’Eglise est entrée dans le temps du Carême, c’est-à-dire un temps particulier de pénitence et de conversion qui est là pour nous aider à nous préparer à la grande fête annuelle de Pâques. Celle-ci sera célébrée fin mars en 2024. La date de Pâques change chaque année en fonction du calendrier, du soleil et de la lune, suivant une tradition très ancienne qui s’inspire de ce qui est dit pour la Pâque juive dans l’Ancien Testament. La règle retenue par l’Eglise est celle-ci : la date de Pâques correspond au premier dimanche qui suit la pleine lune après l’équinoxe de printemps. Petite remarque : pour le calcul des 40 jours du temps du Carême, on ne compte pas les dimanches : comme c’est le jour hebdomadaire de la résurrection du Christ, il n’est pas considéré comme un jour de pénitence. Les 40 jours sont symboliques : ils renvoient aux 40 jours de Jésus au désert tenté par le diable entre son baptême et son ministère public, ou encore aux 40 ans du peuple hébreu dans le désert entre sa sortie d’Egypte et l’entrée en Terre promise. On comprend alors mieux la signification du mot latin quadragesima, c’est-à-dire « quarantième », d’où vient le mot français « carême ».
Le temps du Carême se termine avec la Semaine Sainte, la dernière semaine avant Pâques, un moment de haute intensité spirituelle. Elle commence le dimanche avant Pâques, qui est le dimanche des Rameaux et de la Passion de Jésus, où on commence avec le rite des rameaux qui sont bénis, et on se rappelle qu’avant de souffrir, Jésus a été accueilli triomphalement à Jérusalem comme Messie. C’est au cours de cette Semaine-là qu’a lieu la messe chrismale à la cathédrale, qui réunit l’évêque et tous les prêtres et diacres du diocèse, qui renouvellent leurs promesses sacerdotales et diaconales à ce moment-là ; les différentes huiles qui serviront toute l’année et partout dans le diocèse pour baptiser, confirmer et ordonner, ou bien encore pour oindre les malades ou fortifier les catéchumènes, sont bénies ou consacrées à ce moment-là. A partir du soir du Jeudi Saint, c’est ce qu’on appelle le Triduum pascal : c’est le cœur de l’année liturgique. On y célèbre solennellement ce qui est vécu à chaque messe de l’année, à savoir le service suprême de la charité du Christ, le don de l’Eucharistie, la Passion, la mort, et enfin la résurrection de Jésus à Pâques !
Pendant le temps du Carême, on ne dit pas Alléluia dans la liturgie de l’Eglise ; on ne chante pas non plus le Gloria à la messe, sauf s’il y a une solennité. Au niveau formel, concernant le jeûne, l’Eglise aujourd’hui n’impose plus des règles exigeantes, à part le mercredi des Cendres (1er jour du Carême) et le Vendredi Saint (où Jésus donne sa vie pour nous) : ces deux jours-là, l’Eglise prescrit de jeûner courageusement à tous ceux qui le peuvent en fonction de la santé et de l’âge. Mais la pratique biblique et traditionnelle du jeûne est conseillée aussi pendant les autres jours du Carême, et c’est à chacun d’établir la forme que prendra son jeûne personnel : quand ? quoi ? comment ? Ce jeûne peut bien sûr ne pas être seulement de nourriture, mais aussi de toute chose, parole ou action qui nous empêche d’être en plus grande communion avec Dieu. Notons également que l’Eglise demande qu’on s’abstienne de manger de la viande tous les vendredis de Carême.
Evidemment, cette période est là pour nous aider à revenir vers Dieu ou à l’aimer plus fidèlement, ce qui implique pour certains de prier mieux ou plus, d’écouter davantage la Parole de Dieu, peut-être, et de la méditer, et pour d’autres d’être plus généreux, de partager plus de leur temps avec ceux qui attendent cela, de donner à qui a faim, d’être plus juste, moins méchant, plus aimable, de combattre les vices, etc. A chacun de s’examiner soi-même en vérité et devant Dieu, et de discerner ce qu’il peut faire pour devenir meilleur par rapport à Dieu, et donc par rapport aux autres aussi.
Chers frères et sœurs, que par la grâce de Dieu, avec ce temps très saint du Carême et tous les moyens que nous nous donnerons, le Seigneur veuille bien nous aider à progresser dans la sainteté, la liberté intérieure et la vraie joie des enfants de Dieu !
Je vous souhaite à tous un saint Carême !