Par le Père Antoine Vairon
Nous le savons et la célébration de Noël va nous le faire contempler une nouvelle fois : la particularité et l’originalité de notre Foi catholique résident dans l’initiative de notre Dieu qui fait le chemin pour venir à nous.
L’effort religieux de l’humanité, depuis des millénaires et dans toutes les sphères culturelles, est celui d’une tentative d’élévation vers la transcendance, vers ce qui nous dépasse, ce qu’on ne maitrise pas, ce qui est perçu comme le domaine du divin. La révélation Biblique, quant à elle, nous a dévoilé ce Dieu personnel -pas une énergie, ni une idée- qui rentre en dialogue et en Alliance avec son peuple, avec ceux qui se tournent vers Lui. Et Il nous rejoint : par sa parole, par ses bienfaits et ultimement par son Fils, dans lequel « Il nous a tout dit » (St Jean de la Croix).
Comment ne pas être attentifs, admiratifs et reconnaissants de ce mouvement vers nous de Celui qui est source de toute vie et de tout amour ? Mouvement d’humilité qui vient nous rejoindre, nous toucher, nous sanctifier.
Ecoutons de nouveau ces enseignements si beaux du Concile Vatican II sur la manière dont Dieu se révèle à nous :
« Il a plu à Dieu dans sa bonté et sa sagesse de se révéler en personne et de faire connaître le mystère de sa volonté (cf. Ep 1, 9) grâce auquel les hommes, par le Christ, le Verbe fait chair, accèdent dans l’Esprit Saint, auprès du Père et sont rendus participants de la nature divine (cf. Ep 2, 18 ; 2 P 1, 4). Par cette révélation, le Dieu invisible (cf. Col 1, 15 ; 1 Tm 1, 17) s’adresse aux hommes en son surabondant amour comme à des amis (cf. Ex 33, 11 ; Jn 15, 14-15), il s’entretient avec eux (cf. Ba 3, 28) pour les inviter et les admettre à partager sa propre vie. » (Dei Verbum n°2).
Dieu aurait pu laisser les hommes le chercher avec les aptitudes de la raison dont il les a dotés (Dei Verbum 6), mais c’est une preuve de sa grande miséricorde pour nous que d’avoir désiré se révéler, afin que les vérités qui le concernent puissent « être connues de tous, facilement, avec une ferme certitude et sans aucun mélange d’erreur » (Concile Vatican I, De Revelatione, cité par Dei Verbum n° 6).
A l’approche de Noël, nous pouvons méditer cela, nous laisser renouveler dans notre émerveillement, ce véritable émerveillement spirituel de l’événement de la Crèche. Et le raconter autour de nous.
Nous pouvons aussi réfléchir et méditer ce mouvement dans un lieu très précieux de la vie catholique : le sacrement de la Réconciliation.
Parfois certains disent : « moi je me confesse directement à Dieu »… et l’on retrouve ce mouvement ascendant, effort d’élévation vers Dieu, même si c’est dans l’humilité de la reconnaissance de nos fautes. Mouvement à sens unique.
Et certains ajoutent : « Dieu nous a obtenu le pardon en Jésus, par sa croix ». Certes, mais comment nous rejoint-il ?
Notre âme catholique désire, quant à elle, entrer vraiment dans ce mouvement d’accueil de l’amour de Dieu qui vient à nous, qui nous désire, qui nous cherche : « Toi qui viens pour tout sauver ». Elle désire permettre à Dieu d’être Dieu pour nous.
Le sacrement de la Réconciliation est le lieu de la rencontre. A nous de venir, humblement, attiré par l’Amour du Père qui nous aime plus que nos manquements, nos ratés, nos raidissements… A nous de confesser nos péchés, c’est-à-dire d’accepter de revenir dans la vérité, grâce à la douce lumière du Christ qui nous dévoile ce qui n’est pas « selon Dieu » dans nos vies. Comment nous avons péché « en pensée, en parole, par action et par omission ». Et ensuite, quelle bonté du Seigneur pour nous que de nous communiquer son pardon. Quelle force et quelle tendresse du Christ que de nous offrir ce pardon de nos péchés qu’il a acquis par sa Croix. Et quelle miséricorde que d’entendre, réellement, concrètement, le Christ nous dire par le ministère du prêtre : « et moi, je te pardonne tous tes péchés ».
Entendre ces mots se poser sur nous. Signe que la grâce du pardon nous est effectivement communiquée. Nous permettons à Dieu d’être Dieu pour nous. Nous permettons au Christ d’être sauveur. Que sa Croix ne soit pas vaine, mais qu’elle aille au bout de ce pourquoi Jésus a accepté de la vivre : que le fruit de la Croix vienne toucher, rejoindre une liberté unique, précieuse… la nôtre.
Quels obstacles voulons-nous mettre à cette Miséricorde offerte là : concrète et accessible ? Quelles objections traversent nos esprits ? Quelles craintes qui ne puissent fondre devant une telle perspective ? Quelles lourdeurs ou réticences ? Pourquoi nous détourner de cette source de jouvence pour notre baptême que Dieu restaure et renouvelle à chaque confession ?
Les prêtres sont d’humbles serviteurs, qui se confessent eux aussi. C’est entendu. Mais ils sont les serviteurs émerveillés de cette mission de pardon et de salut qui leur a été confiée. Et ils sont habitués à accueillir les baptisés qui ne se sont pas confessés depuis longtemps, parfois fort longtemps.
Donc, pour vous préparer à Noël, venez vous confesser. Ne laissez pas vos craintes et vos objections parler plus fort que l’appel de Dieu à vous laisser aimer et restaurer dans le sacrement de son Pardon et de sa tendresse. Venez !