Par le Père Guillaume Leclerc
« Dieu est lumière, en lui pas de ténèbres », nous apprend saint Jean. Celui qui imagine en Dieu une part de ténèbres, s’en fait une idée fausse. Dieu n’est ni un maître dur à la tâche et âpre au gain, ni un manipulateur sournois, ni un juge dénué de compassion : toutes ces images que nous projetons parfois sont déjà des formes de perversions.
Cette lumière que Dieu possède en lui-même, il a voulu la partager à l’origine des temps. Dans ce sens, le récit du premier jour de la création, dans la Genèse, peut aussi être lu de façon symbolique. Quand Dieu crée la lumière, puis la sépare des ténèbres (qu’il n’a pas créées), nous pouvons comprendre que Dieu a donné le jour à des êtres spirituels, les anges, capables de sentir et de choisir le bien, mais que certains d’entre eux ont pris dès le départ une position opposée.
Nous les hommes, qui avons été créés à l’image de Dieu, portons aussi en nous-mêmes ce sens et ce désir du bien. Mais nous le savons par l’expérience, notre ressemblance avec le Seigneur est brouillée, et notre désir inabouti. Comme saint Paul, nous le constatons trop souvent : « Je ne fais pas le bien que je veux, mais je commets le mal que je ne veux pas ».
Les ténèbres gardent sur nous une certaine emprise, même quand elles n’exercent pas toute leur fascination. Quand nous optons pour le péché, elles nous servent d’abri, nous fournissent des prétextes. Mieux vaut éviter la lumière, plutôt que de voir trop clairement nos responsabilités !
C’est de cette obscurité que Dieu veut nous tirer. Toute l’histoire du salut montre comment notre Créateur a entrepris, progressivement, d’illuminer ceux qui habitent les ombres de la mort. Ses promesses, ses commandements, ses appels renouvelés, sont en vérité autant de lampes posées sur la route. Mais le rayonnement de Dieu éclate plus encore dans ses saints, et en Marie d’abord, dont nous venons de célébrer l’Immaculée Conception. Dans celle qui n’a donné aucune prise au péché, nous pouvons contempler un reflet très pur de la lumière éternelle.
La Vierge Marie, dit Bernanos dans le Journal d’un curé de campagne, n’était pas seulement l’ignorance du mal, comme les enfants. Elle était l’innocence, l’éloignement complet de tout ce qui cherche à nuire. C’est ce rejet du rejet qui lui a permis d’être comblée.
En cette période de l’Avent où nous attendons le Fils de Dieu, Lumière née de la Lumière, tournons-nous vers celle qui la première l’a accueillie. Demandons son appui, pour commencer à faire la lumière dans nos vies.
Quel recoin de mon cœur a besoin d’être éclairé aujourd’hui ?
Quelle zone obscure mériterait d’être balayée en priorité ?
Le regard lucide et bienveillant de Marie peut m’aider à le voir. Sa présence aimante peut m’aider à changer, pour sortir des emprises du mal, pour briser sa fascination.