Par le Père Marc Leroi
Dans les beaux parcs et espaces verts, à Rueil comme ailleurs, la saison n’est plus aux fleurs. Pour qui en a la nostalgie, le remède peut être avant tout spirituel : il suffit d’extraire de sa bibliothèque les œuvres d’un grand saint qui a si souvent illustré la vie spirituelle par des images végétales.
Saint François de Sales (1567-1622), évêque de Genève, missionnaire en terre protestante, a été élevé à la dignité de docteur de l’Église, docteur de l’amour de Dieu. Sa doctrine spirituelle, développée dans ses traités et sa correspondance, affirme la possibilité de la sainteté pour tous les états de vie. C’est une nouveauté importante à l’époque.
Dans un de ses ouvrages les plus célèbres, l’Introduction à la vie dévote (nous dirions plutôt aujourd’hui à la “ piété ”), il s’adresse à Philothée, sa “ dirigée ”, c’est-à-dire celle qu’il conseille spirituellement. Il lui présente la structure de la prière d’oraison mentale.
Pour se préparer à cette prière, il convient de se mettre en présence de Dieu, de l’invoquer et de considérer le mystère que l’on veut méditer. Puis vient « l’action de l’entendement que nous appelons méditation, qui n’est autre chose qu’une ou plusieurs considérations faites afin d’émouvoir nos affections en Dieu et aux choses divines. » Ces affections générales suscitent ensuite des résolutions pour se convertir (par exemple : la volonté de corriger nos fautes, le désir de pardonner à nos ennemis et de les aimer). Enfin, la prière se conclut par l’action de grâces, l’offrande de soi-même et des résolutions prises, la supplication qui demande grâce, vertus et bénédiction pour soi-même et pour autrui.
Mais ce n’est pas tout. L’intuition spirituelle du saint et sa pédagogie très imagée le font poursuivre ainsi : « À tout cela, j’ai ajouté qu’il fallait cueillir un petit bouquet de dévotion ; et voici ce que je veux dire : Ceux qui se sont promenés en un beau jardin n’en sortent pas volontiers sans prendre en leur main quatre ou cinq fleurs pour les odorer et tenir le long de la journée : ainsi notre esprit ayant discouru sur quelque mystère par la méditation, nous devons choisir un ou deux ou trois points que nous avons trouvés plus à notre goût, et plus propres à notre avancement, pour nous en ressouvenir le reste de la journée et les odorer spirituellement. Or, cela se fait sur le lieu même auquel nous avons fait la méditation, en nous y entretenant ou promenant solitairement quelques temps après. »