Saint Jean Chrysostome
Jean exhorte les Juifs à la pénitence afin que, rendus plus humbles et s’accusant eux-mêmes de leurs désordres, ils se hâtent de courir au pardon que Dieu leur offre. Il commence par réprimer leur orgueil. Il les persuade de ne point avoir des sentiments élevés d’eux-mêmes. Il leur annonce le Royaume des cieux et par ce Royaume, il marque le premier et le second avènement de Jésus-Christ.
« Or Jean avait un habillement de poils de chameau, une ceinture de cuir autour de ses reins, et pour nourriture des sauterelles et du miel sauvage. » (Mt 3, 4) C’était une chose admirable, étonnante, de voir que le corps d’un homme soit capable de supporter une vie si dure. Il fallait que le Précurseur de Celui qui devait détruire tout l’ancien état de l’homme porte par avance sur lui-même quelques marques de cette grâce nouvelle et qu’il paraisse déjà élevé au-dessus des choses auxquelles les hommes avaient été premièrement condamnés. Il ne travaillait pas la terre. Il n’avait besoin ni de maison, ni de lit, ni de table. Il faisait éclater dans un corps mortel une vie tout angélique. Il est demeuré dans le désert comme dans un ciel. Il y a excellé en toutes sortes de vertus. Il a paru comme un athlète de piété, tant il est vrai qu’il n’y a rien d’impossible à une âme forte et généreuse, qui entreprend tout avec ardeur et qui s’élève au-dessus de tous les obstacles qu’elle rencontre.
« Alors ceux de Jérusalem, de toute la Judée, et de toute la contrée, des environs du Jourdain venaient à lui, et confessant leurs péchés, ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain. » (Mt 3, 5-6) C’était un miracle de voir un homme dans un tel habit, qui parlait avec tant de liberté, qui reprenait tous les hommes comme des enfants et dont le visage même rayonnait de l’éclat d’une grâce tout extraordinaire. Sa prédication était nouvelle et fort différente de celle des autres prophètes. Ceux qui l’approchaient, il ne pensait qu’à les faire entrer dans le Royaume du ciel. Il ne leur apprenait qu’à mépriser tout ce qui est de la terre, qu’à désirer les biens éternels et à les rechercher chaque jour avec plus d’ardeur.
Tâchons, mes frères, d’imiter ce saint. Réduisons-nous à une vie sobre et tempérante. Voici le temps solennel de la pénitence qui approche. Il est certain que nous voyons déjà presque arrivés les signes qui semblent comme appeler le jour du Jugement. Commencez donc, je vous prie, à vous réveiller. Nous avons grand besoin de la confession, de la pénitence, et de beaucoup de larmes. Ne laissons pas de faire pénitence, et nous recevrons la couronne. La pénitence dont je parle ne consiste pas seulement à s’abstenir du mal que l’on faisait mais, ce qui est encore meilleur, à faire de bonnes oeuvres. « Faites, » dit saint Jean-Baptiste, « de dignes fruits de pénitence. » (Mt 3,8) Et comment les ferons-nous ? Si nous faisons des actions contraires aux péchés passés.