Par Francis Lapierre, diacre
Chers frères et sœurs,
Cette parabole, que nous proposent aussi Marc et Matthieu, m’a toujours fait réfléchir.
J’admets sans peine que la sexualité n’existe plus dans le royaume de Dieu, puisque les fils et filles de Dieu bénéficient de la vie éternelle. Il n’en reste pas moins vrai que cette femme a vécu, parlé avec chacun, partagé des moments de vie avec ses sept maris, et j’ai du mal à imaginer que la vie éternelle nous laisse sans souvenirs de notre vie terrestre, ce que semblent admettre même les sadducéens : « Duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse ? »
Pour comprendre les paroles de Jésus, et dénouer les choses, peut-être faut-il remonter au Chapitre 1e de la Genèse et relire comment elles se sont nouées.
Le premier Homme a été créé seul. Il était donc probablement immortel. Dieu se rend compte qu’il souffre de solitude et décide de lui créer une « aide à vivre », une épouse, ce qui entraine deux conséquences :
- La sexualité que nous partageons avec les animaux entraine notre mort en tant qu’individus ;
- À la différence des animaux, les couples humains se parlent, partagent, se rencontrent au-delà de la sexualité et ce dialogue est un cadeau de Dieu, puisque les premières paroles échangées dans la Bible sont entre Adam et Eve, elles font donc partie de la Création que Dieu vit comme étant bonne à ses yeux !
- Jésus sait tout ceci est c’est bien pour cela qu’il rappelle la scène du Buisson Ardent où Dieu confie aux hommes non seulement son nom, mais sa nature profonde : « Je suis Celui qui EST, hier, aujourd’hui et demain et Je vous veux vivants avec Moi.
Les Sadducéens – Maitres en religion bien plus que l’auteur de ces quelques lignes – auraient dû relire la Genèse, plutôt que d’appliquer la Loi du Lévirat qui est une manœuvre désespérée et inutile pour se survivre sur terre. En épousant successivement les sept frères d’un clan, l’épouse permet que les terres ne soient pas partagées… à condition qu’elle ait un héritier (le cas des filles est aussi traité dans la Bible) ce qui ne fut pas le cas ici.
À la différence des autres questions posées à Jésus, qui sont autant de pièges pour préparer son procès, la question des sadducéens est, pour une fois, sincère : ils n’ont pas de réponse à proposer ni pour cette terre ni ailleurs.
Et nous tous, dans la lumière de la Fête de tous les Saints, qui pouvons-nous prier pour croire en la Résurrection ? Reprenons la parabole du paralytique (nous !) qui voulait voir Jésus : qui sont les quatre saints anonymes qui nous ont conduits auprès de Lui ? Prenons le temps de nous souvenir et de les remercier…