Par le Père Antoine Vairon
Une nouvelle fois, l’Évangile de ce dimanche ne laisse pas indemne. À travers la parabole que Jésus nous présente du riche vivant dans l’aisance et du pauvre Lazare juste à sa porte, nous est redit cette affirmation constante du regard de prédilection que Dieu accorde aux plus fragiles, comme également l’invitation à avoir les yeux ouverts avec lucidité sur les situations de pauvreté juste à nos portes.
L’Évangile est donc clair : nous sommes interpellés et nous découvrons qu’il y a même là un enjeu qui touche à la vie éternelle.
Lorsque l’Eglise catholique affirme son « option préférentielle pour les pauvres » comme un des fondements de sa doctrine sociale, elle fait simplement et fortement écho à la parole de son Seigneur.
Certes, face aux situations de pauvreté, de détresse ou de fragilité, nous ne pouvons pas personnellement tout faire. Mais, selon le mot de Saint Jean-Paul II qui a gardé toute son actualité : « il n’est permis à personne de ne rien faire ».
La charité de l’Eglise est multiforme, depuis des engagements bien visibles et même institutionnels, jusqu’à cette humble et attentionnée solidarité de proximité qui se vit sans faire de bruit envers des voisins, des personnes âgées de notre environnement, des malades parmi nos connaissances.
En cette période de rentrée scolaire, les programmes et les agendas s’organisent, tant personnels que familiaux. À côté du travail professionnel ou scolaire, on cherche à faire place aux activités sportives, culturelles, … Une question intervient alors de manière légitime pour les chrétiens que nous sommes : avons-nous fait de la place dans notre emploi du temps au service des plus démunis, à la visite aux personnes âgées à domicile ou en EHPAD, à la présence auprès des malades ? La charité demande de l’intelligence. Prévoir et décider ce que nous pouvons et allons faire pour le service des plus fragiles est donc une étape aussi nécessaire que dans notre vie professionnelle ou dans l’organisation de nos activités variées.
Et, dans bien des domaines, cette charité demande une action organisée, concertée et en équipe. C’est là le rôle précieux et irremplaçable de nos mouvements caritatifs. Ce lundi, nous fêterons Saint-Vincent de Paul, belle figure de sainteté de notre terre de France, et modèle toujours inspirant pour la « Conférence Saint Vincent », dont l’équipe locale s’est bien développée ces derniers mois. Mais tous ceux qui sont impliqués dans le Secours Catholique, dans les maraudes de l’Ordre De Malte, dans l’opération « hiver solidaire », les rendez-vous fraternels des TOQ, sans oublier les solidarités à l’international, savent bien la pertinence d’une action structurée et coordonnée pour répondre aux situations de fragilité.
Puisque nous ne pouvons pas être impliqués tout le temps ni dans tous les domaines, nous devons avoir une vive conscience de l’unité profonde dans l’action de l’Eglise : si je suis actif auprès des enfants et des jeunes, les chrétiens qui agissent dans les mouvements caritatifs le font aussi en mon nom, et réciproquement.
Mais comme l’action multiforme de l’Eglise passe aussi par moi, par ma mission de baptisé, par ce ‘service du Frère’ qui en est une partie inaliénable (puisque j’ai reçu à mon baptême une onction royale pour mettre ma liberté au service des autres), quelle sera donc cette année ma part à moi ?