Par Henri de Guillebon, diacre
Le fil qui nous conduit jusqu’à Pâques, c’est la Miséricorde infinie de Dieu.
Cette miséricorde est expliquée d’abord en parabole (parabole du fils prodigue, 4ème dimanche du Carême) puis en actes (passage de la femme adultère) ; cette miséricorde se manifeste de la façon la plus parfaite dans la Passion et dans la Résurrection de Notre Seigneur.
Dans la parabole du fils prodigue, les deux fils vivent en étrangers chez leur père ; ils ne le connaissent pas, du moins, pas vraiment. L’un quitte son père, pensant trouver le bonheur dans les plaisirs faciles que permet sa prodigalité, l’autre se comporte comme un actionnaire de la société paternelle, pas comme un fils. Les deux phrases clefs du père à chacun de ses fils, paroles de miséricorde qui ouvrent la porte à une renaissance sont : « car mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie » (autrement dit : ma joie de te revoir l’emporte largement sur le ressentiment que je pourrais avoir) et « tout ce qui est à moi est à toi » (autrement dit : tu es bien plus qu’un actionnaire dont la propriété est limitée, tu es le fils).
Le passage de la femme adultère décrit une situation concrète, semblable à la parabole précédente : d’un côté la femme adultère – fille prodigue à sa manière – qui vient de se faire rattraper par la patrouille (pour le fils prodigue, la patrouille, c’est la faim !) ; de l’autre côté, les pharisiens et les scribes au cœur endurci, comme l’est le cœur du fils aîné. Et la parole de miséricorde de Jésus, la parole qui fait renaître, qui délivre : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va et désormais ne pêche plus ».
Désormais les évènements de la vie publique de Jésus vont se précipiter, se densifier : nous allons entrer bientôt dans la Semaine Sainte ; la Passion et la Résurrection de Notre Seigneur sont la manifestation la plus aboutie de la miséricorde infinie de Dieu.
Nous avons tous en tête les icônes de la Trinité représentant le Père tenant à bout de bras la croix où Son Fils est crucifié, dans l’unité du Saint Esprit représenté par une colombe.
Eh bien, Dieu s’adresse ainsi aux deux fils de la parabole que nous sommes tour à tour, le cadet et l’aîné, en disant ces paroles qui délivrent ; au premier : « j’ai pris sur moi tes péchés, je t’invite aux repas des noces de l’Agneau » ; au second « en mon Fils désormais, toi, comme fils/fille adoptif, tout ce qui est à moi est à toi »