Prendre soin de l’unité par le Père Antoine Vairon
La semaine de l’unité des chrétiens de cette année aura une saveur particulière pour deux raisons. La première est que ce sera l’occasion, pour la communauté catholique, de pouvoir faire la connaissance du nouveau pasteur de la Communauté protestante unie de France. Le pasteur Etienne Rufenacht est arrivé cet été pour assurer l’accompagnement de cette communauté qui, localement, regroupe des membres vivants à Rueil et à Nanterre.
Je lui suis tout à fait reconnaissant d’avoir pris l’initiative, au milieu du mois de décembre, de me solliciter au sujet de la semaine de prière de ce début d’année 2021. Nos paroisses catholiques étaient fortement mobilisées sur toute l’organisation des célébrations de Noël dans le format exceptionnel que nous avons vécu, et cette vigilance du pasteur Etienne nous a permis de nous en préoccuper à temps.
Il nous a paru important de ne pas manquer ce rendez-vous annuel, précisément en raison de la symbolique de désir de rencontre dont il est porteur. Après avoir consulté les curés de notre doyenné catholique et les pasteurs des communautés protestantes voisines, nous avons choisi de placer cette rencontre dans l’église Saint-Pierre-Saint-Paul en raison de sa capacité d’accueil et également pour pouvoir bénéficier de l’apport de notre très bel orgue, tenu par son titulaire Philippe Decourt. Associer ainsi la beauté de la musique, la louange commune du Seigneur, le goût de la rencontre nous paraît essentiel dans ce contexte où les rencontres inter-communautés sont rendues encore plus difficiles.
Et c’est bien là le deuxième motif d’importance de cette édition 2021. Les contraintes actuelles sont telles qu’il serait tentant de se recroqueviller sur soi-même et que chacune de nos communautés chrétiennes ne se préoccupe que de ce qu’elle arrive à préserver en son sein. Or nous savons que la vitalité de la présence du Christ en nous, de par notre baptême, nous pousse toujours à un déploiement. Le souffle de son Esprit nous stimule à reprendre sans cesse ce mouvement vers les autres qui est le propre de la communication de la vie divine.
Nous le sentons bien : dans la période présente, il nous faut prendre soin des liens qui nous unissent et susciter toutes les occasions qui permettent de promouvoir ceux-ci, de les cultiver, de les raviver si nécessaire.
C’est vrai au sein de nos familles. Ça l’est encore dans nos communautés paroissiales. Et il est bon de souligner tous les efforts que vous faites pour cela : appels téléphoniques, sollicitude envers les aînés et les personnes plus isolées de nos communautés, liens maintenus dans une multitude de petits groupes (prière des mères, équipes du rosaire ou groupes de chapelet, équipes Notre-Dame, petites communautés fraternelles de foi, et tant d’autres que je ne peux nommer ici…). Bien qu’invisibles au regard ordinaire, et encore plus cachées aux yeux du monde, la vitalité entretenue de ces petites cellules d’Eglise et la multiplication des sollicitudes individuelles préservent le Corps tout entier.
De tout cela, soyez profondément remerciés.
Et la rencontre de ce samedi vient souligner ce désir de préserver également le lien avec les autres croyants. En premier lieu avec nos frères en Christ.
Et encore au-delà, quand l’occasion se présente. Il me plaît pour cela de vous relater, même si elle date de quelques semaines maintenant, une émouvante rencontre par visio que nous avons vécue le 11 novembre avec les représentants des diverses communautés qui se retrouvent régulièrement dans le cadre du « Conseil consultatif des cultes de Rueil-Malmaison » en lien avec notre municipalité. Alors que nous ne pouvions pas vivre la traditionnelle cérémonie inter-religieuse de ce jour de mémoire, il nous avait semblé essentiel de pouvoir garder ce désir de la rencontre, du partage de paroles porteuses et, cette année, de l’échange de nouvelles sur la vie respective de nos communautés. L’émotion avait été forte également de la présence et des paroles amicales du représentant de la communauté musulmane, quelques jours après le terrible attentat de Nice.
Comme nous avons à porter bien haut, dans le temps présent, tout ce qui stimule l’unité de nos communautés, mais en gardant le désir, également, d’entretenir une ouverture et une sollicitude envers les autres.