« Personne ne nous a embauchés »
Guillaume Douet, Diacre
« Personne ne nous a embauchés ». Cette phrase de l’évangile du jour peut nous éclairer en ce mois de rentrée.
Osons-nous annoncer l’évangile à ceux qui sont au bord du chemin, à tous ceux qui ne sont pas dans les cercles habituels, dans nos assemblées régulières ?
Cette phrase peut aussi nous rejoindre à l’heure où nous cherchons de nombreuses bonnes volontés, de nouveaux bénévoles pour nos activités paroissiales.
Osons-nous proposer un engagement aux nouveaux, aux fragiles, à ceux qui n’ont pas le même profil ? Depuis plusieurs années, le bénévolat augmente en France, mais, à force de faire toujours appel aux mêmes, nous avons parfois une impression contraire. L’expérience de Mgr Rodhain, bâtisseur du Secours Catholique, peut nous éclairer. Régulièrement, il bousculait les habitudes des équipes en insistant sur l’appel des nouveaux bénévoles.
Chacun de nous, déjà engagé, pourrait être davantage soucieux d’élargir nos équipes. D’oser dire « j’ai besoin de toi », « nous avons pensé à toi ». Nombre de nos voisins souffrent d’isolement social. Ils sont aussi nombreux à ne plus compter aux yeux des autres, à ne plus se sentir utiles.
Le texte « Le clan et l’équipe » nous invite à être davantage missionnaire, à fuir l’esprit de clan et à devenir de véritables communautés apostoliques.
Alors, osons appeler, inviter, interpeller ! Témoignons de notre Joie profonde à nous engager ! Ouvrons nos cercles, nos équipes, nos cœurs…
Jean RODHAIN, « Le clan et l’équipe »,
Messages du Secours Catholique, n° 65, février 1957
Le clan et l’équipe (extraits)
Voici sept ou huit dévouements au travail. Leur zèle est brûlant. On ne compte ni son temps, ni sa peine. Cela forme une équipe, ou bien un clan qui n’est que la caricature d’une équipe.
Ils travaillent sans compter, mais n’admettent personne au chantier, hors des élus choisis : ce n’est qu’un clan.
Ils embauchent largement, même l’ouvrier de la onzième heure : c’est une équipe. Ils recherchent des idées partout, ils accueillent des collaborations plus jeunes, ils associent sans compter le timide et l’hésitant : c’est une équipe. Ils gardent jalousement leurs documents, leurs secrets, leurs recettes : ce n’est qu’un clan.
Un rien les froisse. Un nouveau ou une nouveauté les font se barricader. Ils sourient entre eux et ironisent sur le compte de tous ceux qui n’ont pas le gabarit de leur cervelle ou de leur myopie : ce n’est qu’un clan.
Ils vont de l’avant. Ils sont assez souples pour faire table rase de leurs méthodes et de leurs expériences devant une situation nouvelle : c’est une équipe.
Ils ont peur de partager un dossier, une idée, une initiative. Leur équipe, leur service, leur méthode sont un piédestal jalousement défendu. Ce n’est plus une équipe. C’est un champ clos. C’est clôturé. C’est un huis clos. C’est un enfer. Ils ont beau s’entendre entre eux, c’est un clan fermé. C’est le contraire d’une équipe parce que c’est exactement en dehors de la Charité