Changer de tempo
Père Antoine Vairon
Habiter le temps, voilà bien un défi sans cesse renouvelé pour les citadins que nous sommes. Raison de plus pour saisir cette invitation de l’Eglise, dans son expérience et sa sagesse spirituelle, à entrer dans le temps de l’Avent, pour nous tourner déjà vers les fêtes de la Nativité de Jésus, émerveillement de l’Incarnation. Tant de belles choses dans nos journées et nos semaines, tant de rencontres qui tissent les relations précieuses de vos vies… tant de travail et de sollicitations bien souvent aussi, ou bien au contraire le sentiment lancinant pour certains que les journées s’écoulent dans l’inquiétude ou dans le vide.
Entrer dans le temps de l’Avent. L’Eglise le fait résolument dès ce dimanche… Mais qu’en est-il pour chacun d’entre nous ? De quoi ai-je besoin pour que le tempo de ma vie n’oublie pas l’essentiel ? L’attention à Dieu comme ‘Celui qui vient’, dans mon quotidien comme dans notre humanité en perpétuelle mutation, garde-t-elle pleinement sa place ? Et l’attention au ‘frère’ que je côtoie, rencontre dans laquelle se joue souvent le passage de Dieu ?
Lorsque l’on conduit un peu trop vite en voiture, au-delà des limitations de vitesse (évocation théorique puisque je me doute que cela n’arrive jamais à aucun des lecteurs de ces lignes), une tension permanente s’installe, dans laquelle l’inquiétude du radar n’est pas étrangère. Il suffit alors de se replacer légèrement en dessous de la limite pour que le gain en confort de conduite soit considérable. Un léger ralentissement produit une détente très perceptible.
Peut-être le rythme spécifique du temps de l’Avent a-t-il à voir avec ce gain de confort et la qualité de présence qui lui sont liés ?