Par le Père Fidèle Koeta
En parcourant l’épisode de l’évangile de saint Luc (5, 1-11) de ce 5ème dimanche du temps ordinaire, nous pouvons retenir quelques images qui sont des réalités qui nous sont familières et ensuite regarder comment l’action de Jésus se déploie et ce faisant, nous comprendrons mieux comment il agit avec l’Église d’aujourd’hui.
La barque où s’entassent les pêcheurs sous la direction de Simon Pierre est une belle image de l’Église dans le monde. Elle est ballotée mais ne sombre pas. Elle est collée aux événements qui la bousculent parfois comme la barque qui flotte sur les eaux. Dans les profondeurs des eaux se cachent des forces adverses, les forces du mal que Jésus est venu combattre. Les pêcheurs représentent les disciples de Jésus que nous sommes. Ils se sentent abandonnés et se découragent devant le peu de résultat de leurs efforts. « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre » dit Simon Pierre. Les filets évoquent toutes nos initiatives d’évangélisation de croyants qui désirent rassembler et réunir les gens de toutes sortes, dispersés un peu partout en privilégiant les plus démunis.
Que dit Jésus et que fait-il ? Ses paroles sont claires « Avancez au large et jetez les filets ». Ce sont des paroles qui envoient, comme d’autres qui leur ressemblent : « Allez de toutes les nations, faites des disciples. Baptisez-les ». Ce n’est pas une simple invitation, non c’est un impératif, une mission. « Avancez » sans vous poser de questions, en faisant confiance à mes paroles. Comme le prophète Isaïe dans la première lecture, les apôtres ont répondu : « Nous voici : envoie-nous ! » Nous sommes invités à faire de même en cette année sainte placée sous le thème « Pèlerins d’espérance ». Tel est l’enseignement principal de cet épisode : « Faire confiance à la parole de Jésus et aller ». C’est Jésus qui prend désormais le contrôle de la barque. Voyez-vous, l’abandon et la confiance des pêcheurs sont tellement récompensés que les barques débordent de poissons. Les pêcheurs en sont non seulement étonnés mais apeurés et déboussolés. Mais Jésus leur ouvre un espace nouveau où le lac de Génésareth devient le monde entier où ils sont envoyés et où ils deviendront « pêcheurs d’hommes ».
Alors quelles leçons tirer de ces quelques réflexions ?
La première a trait à la communauté qu’est l’Église. L’apôtre Pierre n’est pas seul dans sa barque, de même le chrétien n’est pas seul dans sa foi. Il est membre d’une communauté rassemblée dans la foi reçue des apôtres. L’Église est une barque qui accueille. Même le dernier arrivé, comme saint Paul qui se dit l’avorton, a sa place et sa mission particulière dans l’Église et tous les membres se retrouvent dans la proclamation de la Seigneurie de Jésus-Christ, mort pour nos péchés et ressuscité par la main de Dieu.
La deuxième leçon nous touche directement. Elle nous invite à mettre la main à la pâte. Les pêcheurs qui se lancent de nouveau sur le lac à la suite de la parole de Jésus « Avancez au large », le font ensemble. Ils s’entraident fraternellement : « Ils firent signe à leurs compagnons de venir les aider ». Quelle belle leçon et quel questionnement aussi pour nous aujourd’hui. Est-ce que nous ne restons pas trop souvent assis dans notre coin ? Est-ce
que nous ne faisons pas les gérants d’estrade au lieu de nous impliquer personnellement au nom de notre foi ?
La troisième leçon est des plus encourageantes. La puissance de Dieu fait des merveilles hier, aujourd’hui et demain. Nous ne les voyons pas toujours, mais il suffit de Lui donner notre confiance absolue et de Lui remettre le contrôle pour que Lui fasse fructifier sa Parole au centuple.