Par le P. Arthur Masini
»Christ est celui que tous les prophètes avaient annoncé, celui que la vierge Mère attendait dans le secret de son amour, celui dont Jean Baptiste a proclamé la venue et manifesté la présence… » Ces paroles de la deuxième Préface du temps de l’Avent nous ouvrent à la liturgie de ce dimanche.
Ce beau temps de l’Avent nous a permis de renouveler notre espérance en ce Dieu vainqueur du mal et de la mort. L’espérance n’étant pas l’illusion que nous pouvons nous faire que » tout ira bien », mais la certitude que chacun doit avoir que Dieu reste toujours proche de l’homme quoique nous ayons traversé. Ainsi, vivre l’espérance, signifie pour nous, réveiller notre conscience à la présence de Dieu, fuir les distractions, discerner le bien , nous concentrer sur Dieu et accueillir ce qu’il nous donne.
En ce 4e dimanche de l’Avent, l’Eglise nous invite à contempler deux figures, deux femmes dont l’intervention dans l’histoire du salut est importante : Marie, celle-là même qui nous ouvre au Salut, par l’acceptation libre a la Parole de Dieu, annoncée par l’Ange Gabriel. Et Elisabeth, mère du précurseur de celui là qui vient au nom du Seigneur.
Marie et Elisabeth, juives ferventes, incarnent l’attente et l’espérance d’Israël, à une époque où il n’y a plus des prophètes (Ps 73,3) et où le peuple est sous domination étrangère. Elles incarnent aussi bien l’attente à un niveau personnel: pour l’une, celle d’un accomplissement à venir comme toute jeune; pour l’autre, celle d’un enfant à laquelle a fait suite la honte d’une stérilité synonyme de la malédiction.
Dans le récit de l’Evangile de ce jour, nous trouvons beaucoup de salutations et de rencontres : l’Ange à Marie, Marie à son arrivée chez Elisabeth. Il y a beaucoup de rencontres, écrivait François Bovon » car Dieu intervient et inaugure le Salut au travers de relations humaines. La salutation devient ici un signe d’amour et, tout comme les naissances annoncées, commencement d’une vie nouvelle ». Dieu intervient et inaugure le salut au travers des relations humaines, c’est cela qu’il faisait déjà par l’intermédiaire de ses prophètes(Is 45,20-22), mais tous ont été rejetés. Aussi Dieu, dans sa miséricorde, bouleversé par nos péchés et par leurs conséquences, décida de nous envoyer son Fils (Lc 20,9-15a). Il est cet Astre d’en haut qui vient nous visiter. Aujourd’hui encore, le Père continue d’entrer en relation avec le monde par son Eglise.
Au moment où Marie entre et la salue, Elisabeth est remplie d’Esprit Saint (Luc 1,41). En cet instant, Elisabeth participe à l’Être de celui qui s’appelle » JE SUIS » (Ex 3,14). Tout s’éclaircit davantage. C’est donc au sommet de la visitation, alors que Jésus est toujours dans le sein de Marie, qu’il est appelé » Seigneur « …
Au moment où Marie salua Elisabeth, Jean Baptiste « tressaillit en son sein ». Il réagit ici en prophète, annonçant par son geste la présence de Dieu en ce monde. Il est là, par son fils, caché dans le sein de Marie. Il a tressailli d’allégresse en présence de celui qui n’est que Bonté et qui apportera à l’humanité la joie profonde de se savoir aimé et sauvé ( Luc 2,10-11).
Grâce à l’Esprit Saint, Elisabeth a proclamé la première béatitude de l’Evangile de Luc, qui concerne la Vierge Marie : « Bienheureuse celle qui a cru en l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur ». Marie a cru que Dieu agirait selon sa parole, elle lui a fait confiance, elle s’est abandonnée. A ce titre, Marie nous montre le chemin et nous invite à notre tour à la confiance en celui qui nous aime d’un Amour qui surpasse tout ce qu’on peut imaginer (Eph 3, 20-21). Dieu veut nous donner d’avoir part à sa joie, en nous invitant au mystère de l’incarnation de son Fils. Si nous lui ouvrons la porte de notre cœur, si nous vivons dans la vérité devant Lui, si nous espérons en sa parole, alors il mettra lui-même sa joie en nous par son Esprit. Et à la suite de Marie, » Heureuse d’avoir cru », nous pourrons reprendre à notre compte cette parole du Christ ressuscité à Thomas: « heureux ceux qui n’ont pas vu et qui ont cru » (Jn 20,29).
