Par le Père Guillaume Leclerc
Saint patron du Pape et de l’Italie, des animaux et plus largement de l’écologie, saint François d’Assise, que nous venons de fêter ce 4 octobre, n’a jamais été plus populaire. Simple et rayonnant comme nous aimerions l’être, le Poverello nous attire. Comment trouver le chemin qu’il a pris, et le suivre à notre tour ?
Parmi les faits et gestes du saint d’Assise, son lien spécial avec toutes les créatures nous marque particulièrement. L’invention de la première crèche avec son âne et son bœuf, le sermon aux oiseaux, la conversion du loup de Gubbio : ces scènes sont faites pour frapper l’imagination. Elles aboutissent au Cantique des créatures, grande prière d’exultation adressée à Dieu pour tout ce qu’il a permis. De messire frère Soleil et sœur Lune jusqu’à notre sœur la Mort corporelle, en passant par sœur Eau et frère Feu, le Seigneur peut être loué en vérité – « Laudato si’, mi’ Signore ».
Comment Frère François est-il parvenu à une telle intimité avec la nature, jusqu’aux créatures les plus simples ? Cela n’a pas été immédiat. Le jeune homme riche a d’abord été fasciné par les fêtards, les fringants chevaliers et les grands capitaines. Cependant, des rencontres de plus en plus modestes l’ont aidé à se dépouiller. François s’est laissé surprendre et s’est décentré, en croisant un noble miséreux, puis un vieux prêtre dans une église en ruine. En découvrant une jeune fille lumineuse qui ne voulait pas du vernis mondain, puis en partageant la vie des lépreux, il s’est laissé attirer par ce qui est humble. Alors seulement, semble-t-il, la contemplation de la création a pris chez lui tout son sens. Alors aussi, les animaux ont reconnu en François une présence différente – car les animaux sentent la sainteté.
Où était le Seigneur dans toutes ces rencontres ? Sans doute au terme du chemin, en ligne de mire : en allant toujours vers le plus simple, c’est bien Dieu que François d’Assise a cherché sans se lasser toute sa vie. Mais Dieu était aussi présent, bien sûr, à chaque étape, derrière chaque personne croisée en chemin.
Ce que saint François a vécu, nous pouvons également le vivre : rayonner sans le rechercher, en tendant non pas aux relations les plus brillantes et les plus clinquantes, mais aux rencontres les plus vraies. De notre quête de simplicité et de sobriété, de notre ouverture au Seul qui est vraiment simple, dépend aussi l’avenir de la création. « Celui qui t’a créé sans toi ne te sauvera pas sans toi », nous dit saint Augustin. Celui qui a fait la création sans nous ne la sauvera pas sans nous, pas plus que nous ne la sauverons sans lui.