Par le Père Antoine Vairon
Ce n’est pas seulement le coup d’envoi de la Coupe du monde de rugby dans notre pays qui va marquer cette semaine, mais bien la reprise d’une nouvelle année pastorale. Et heureusement, car si ce sport peut être aussi âpre que passionnant, notre vie chrétienne ne saurait s’apparenter à une mêlée, qu’elle soit ouverte ou fermée.
L’année qui s’ouvre va avoir des tonalités sportives fortes, de la Coupe du monde de rugby aux Jeux Olympiques de l’été prochain et on ne peut qu’être stimulés par l’enthousiasme, la motivation, l’ardeur, les désirs de victoire, la volonté de jouer collectif qui en émanent.
Mais il reste un détail d’importance qui différencie la vie chrétienne des sports collectifs dans lesquels se déploie l’esprit d’équipe : dans la vie en Eglise, il n’y a pas de remplaçants. Tout le monde est sur le terrain. Tous sont actifs et pas un n’est inutile. Certes, cela fait aussi souvent partie de notre rôle, aussi bien de pasteurs que de paroissiens impliqués, de faire en sorte que personne, en particulier les plus fragiles ou les plus modestes ne se sentent ‘sur la touche’.
C’est une qualité et un art que de savoir repérer et rencontrer ceux qui n’osent pas encore, ceux qui ne se sentent pas légitimes, ceux qui ont l’impression de ne pas avoir leur place ou ne pas avoir les codes.
C’est une qualité et un art que de savoir proposer, adresser une invitation ajustée, faire tomber des appréhensions ou des préjugés pour que des personnes puissent participer à tel événement ou telle activité paroissiale qui les mettent, par les chrétiens que nous sommes, au contact du Christ vivant, sans lequel son Eglise ne se comprend pas, sans lequel pas une des initiatives chrétiennes n’a sa signification en elle-même.
Certes, la suite du Christ est exigeante : c’est lui qui donne la direction et le tempo, comme le rappelle dès cette rentrée l’évangile de la messe de ce dimanche dans lequel nous voyons St Pierre se faire rabrouer par Jésus et inviter à reprendre la position du disciple qui suit le maître et donc qui accepte de se laisser former par lui.
A notre tour, ce n’est pas de suivre ‘les pensées des hommes’ qui va déterminer notre action et notre générosité, mais d’entrer dans la fécondité de la Croix par laquelle le don de soi par amour, à la suite de Jésus, devient force de transformation dans nos vies et dans notre environnement.
Cette interpellation de l’Evangile nous rappelle d’entrée de jeu, si besoin était, qu’une reprise de la vie paroissiale, avec ses multiples activités, n’est pas la reprise de routines familières délaissées le temps d’un été, mais bien la suite résolue du Christ ‘chemin, vérité et vie’.
Nous nous engageons donc dans cette rentrée avec le désir de partir du bon pied, celui que nous posons résolument dans la voie que trace l’Evangile. Et cette détermination à être de vrais disciples du Christ se déploiera de multiples manières au service de nos frères, que ce soit à l’intérieur même de la vie paroissiale, ou au-delà !