Par le Père Guillaume Leclerc
« Je suis venu jeter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Luc 12,49). Dans ces paroles du Christ, aucune incitation à la violence. Poser Jésus en agitateur ou en chef de guerre serait faire un contresens complet.
L’incendie que le Seigneur voudrait allumer en nous n’est pas un feu qui ronge et qui détruit. Il n’a rien à voir avec l’excitation, l’agitation ou la compulsion qui nous consument trop souvent. Il a moins de rapport encore avec la haine qui dévore de l’intérieur, avant d’étendre ses ravages.
Pour comprendre ce feu divin, il faudrait le rapprocher du Buisson ardent qui brûlait sans se calciner. Le feu qui vient de Dieu est aussi comparable à la flamme que nous ressentons lors d’une grande découverte, d’une grande amitié ou d’un grand amour. Il fait rayonner ce qui nous entoure, et fait que nous devenons nous-mêmes plus radieux.
Telle est l’expérience qu’ont pu faire les pèlerins d’Emmaüs au soir de Pâques, avec Jésus ressuscité : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route ? ». Tel est le feu de la Pentecôte, qui s’est répandu sur les disciples et les a fait sortir du Cénacle où ils s’étaient réfugiés, puis de Jérusalem, pour enflammer le monde entier.
Et nous ? Sommes-nous encore froids, un peu tièdes ou vraiment brûlants ? Et dans ce cas, qu’est-ce qui nous fait brûler ? N’en avons-nous pas assez d’être des feux de paille, aussi vite éteints qu’allumés ?
Si seulement nous recevions le feu de l’Esprit, comme nous serions étonnés !
Nous pouvons avoir l’impression d’être parfois de pauvres bûches un peu sèches ou un peu mouillées, ou encore des barres de métal plus ou moins tordues et rouillées. Demandons l’Esprit Saint, laissons-le agir, et nous serons surpris de ses effets : au plus près du Foyer, nous commencerons à rougeoyer, à nous clarifier, à rayonner.