Par Henri de Guillebon, diacre
« Beaucoup demandent : Qui nous fera voir le bonheur ? Sur nous, Seigneur que s’illumine ton visage !
Tu mets dans mon cœur plus de joie, Que toutes leurs vendanges et leurs moissons. » (Ps. 4)
Comme nous l’avons vu dans l’Evangile du 3ème Dimanche du temps ordinaire, la promesse de Dieu, annoncée par les prophètes (en particulier par Isaïe) se réalise « Aujourd’hui, s’accomplit ce passage de l’Ecriture que vous venez d’entendre » (Luc IV, 21). Elle se réalise, mais pour nous Chrétiens elle n’est pas encore parfaite ; elle le sera lorsque le Christ reviendra dans la Gloire.
Jésus nous dévoile petit à petit comment se préparer dès ici-bas à vivre ce bonheur qui nous est promis à la fin des temps, et à faire de notre pèlerinage sur terre un Ciel commencé ; Nous sommes un peu comme en apprentissage professionnel, ou comme des stagiaires-candidats au Bonheur Eternel! Mais ce n’est pas sans souffrance car nous sommes dans le monde et ce bonheur-là n’est pas de ce monde (Comme le Royaume inauguré par Jésus). De la vient que les « Béatitudes » (Luc VI, 17-26) nous présentent un bonheur qui semble comme inversé par rapport au bonheur de ce monde. En réalité, les Béatitudes nous dévoilent un bonheur qui n’est pas contre-monde (au sens de contre-nature), mais qui est comme détaché du monde, dans le sens où il échappe à l’emprise du monde. De là les éventuelles persécutions « Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable », car les forts, car les puissants ont peur au fond de ce regard d’amour qui leur dévoile leur nudité.
« Heureux, vous les pauvres » : Dieu nous invite à vivre le même bonheur que le fils prodigue, pauvre malgré lui selon le monde (il a dépensé tout son argent, ce qu’il croyait être sa vraie richesse), mais qui reçoit une richesse d’une autre nature quand il comprend que son père l’attendait tous les jours, et quand il fait l’expérience au plus profond de son cœur qu’il n’a jamais cessé d’être aimé comme fils.