Par le Père Antoine Vairon
Être en chemin, toujours en chemin, en devenir. Tel est bien le fil régulier de nos vies. À tel point que la tradition chrétienne affirme de manière tout à fait belle et évocatrice que nous sommes en pèlerinage sur cette terre. L’amour éternel du Père qui nous attend au terme de notre route humaine est la réalité ultime, dont chaque sanctuaire particulier vers lequel nous pouvons cheminer est une image, chaleureuse et accessible.
L’Eglise elle-même sait qu’elle est en pèlerinage sur cette terre : jamais installée, jamais arrivée, toujours en train de se purifier et de se réformer. « L’Eglise, au cours de son pèlerinage, est appelée par le Christ à cette réforme permanente dont elle a perpétuellement besoin en tant qu’institution humaine et terrestre » (Concile Vatican II, DO6).
Dans cette période des vacances scolaires de la Toussaint, certains paroissiens vont pouvoir reprendre le chemin des pèlerins.
Il y a d’abord ce beau pèlerinage à Lourdes avec notre évêque. Le père Casimir Odjo et les diacres Jérôme Clair et André Haurine accompagneront les pèlerins de Rueil-Malmaison dès ce dimanche 24 octobre. Comment ne pas être saisi par la signification toute particulière que va revêtir cet événement diocésain qui prend place habituellement tous les deux ans. Depuis la dernière édition, que des choses se sont passées au niveau sanitaire aux quatre coins de la planète, dans notre pays et dans notre entourage proche.
Cette prière, familière à Lourdes, pour les malades et les souffrants, cette prière pour ceux qui les entourent et pour les soignants va de toute évidence avoir cette année un relief fort. Dans ce sanctuaire si marqué par une grâce mariale de simplicité, de douceur et d’intercession, la prière de tous les pèlerins de notre diocèse sera forcément pleine de compassion pour toutes les personnes qui ont été marquées dans leur corps ou dans leur psychisme par la pandémie, pour celles dont le travail ou le rythme de vie ont été bouleversés.
Et il y aura forcément une place privilégiée pour les victimes des abus ou des violences commis par des membres de l’Eglise, clerc ou laïcs ; pour toutes ces personnes pour lesquelles la douloureuse et nécessaire lumière du récent rapport de la CIASE est un point d’appui dans le cheminement intérieur de reconstruction qu’elles ont à vivre.
Ainsi, les quelques paroissiens qui partent à Lourdes vont être comme nos représentants au cours de ce pèlerinage diocésain. Et chacun d’entre nous peut choisir de s’associer, par sa prière, à cette démarche spirituelle la semaine prochaine.
C’est également lundi matin que j’aurai la joie d’accompagner, avec le père Guillaume Leclerc, un groupe de 25 autres pèlerins pour la Terre Sainte. Ceux qui m’ont entendu en parler de vive voix ces dernières semaines ont saisi la portée de ce pèlerinage. Nous sommes parmi les tous premiers groupes de pèlerins à retourner sur les lieux saints depuis le début de la crise Covid. J’ai ajusté le plus possible notre programme pour que nous puissions passer visiter des communautés religieuses amies et leur manifester ainsi la solidarité et le soutien de toute notre Eglise de France. Venir en pèlerinage est pour nous un moyen très concret de pouvoir soutenir les communautés chrétiennes locales éprouvées depuis de nombreuses années. Soeur Lydia, libanaise d’origine et religieuse de Saint-Vincent de Paul (une congrégation française !), en mission à la « crèche de Bethléem » qui recueille des nourrissons abandonnés dans la rue ou des enfants dont les mamans doivent accoucher secrètement nous témoignait un jour : « vous, les pèlerins, n’arrêtez pas de venir, car vous êtes le pied dans la porte. Tant que vous allez et venez, que vous entrez et sortez, les autorités ne peuvent pas entièrement fermer la frontière entre les territoires palestiniens et Israël ». Cette frontière qui, à Bethléem, est marquée par un mur de béton de 8 m de haut !… Et sur lequel, au milieu d’une multitude d’autres graffitis, des mains chrétiennes ont peint une icône de « Marie qui fait tomber les murs ». Une icône qui est repeinte aussi souvent que d’autres la badigeonnent…
Quelques-uns partent donc… mais c’est toute notre communauté qui peut s’associer à cette démarche de pèlerinage pour que nous soyons, chacun d’entre nous, soutenu et conforté sur nos chemin de Foi et d’Espérance.