Par le Père Antoine Vairon
Il y eu un bruit, comme un coup de vent… la maison fut secouée. Et ils sont sortis. Et ils ont parlé.
Tel un accouchement d’un sein maternel, la vie de l’Eglise a commencé par une naissance, un mouvement de sortie.
Ce n’est pas tant du lieu, de cette ‘chambre haute’ où Marie veillait avec les apôtres, que s’est joué cet engendrement, mais bien d’abord d’événements. La passion de Jésus, son offrande, son accomplissement de la volonté du Père, l’effondrement de la Croix, l’exaltation de la Croix, l’enfermement au tombeau, l’attente trop longue, les espérances effondrées… puis le tressaillement du matin de Pâques et tout ce qui s’en est suivi.
Des événements bouleversants, à vue humaine terrifiants. Mais au sein desquels Dieu était discrètement à l’œuvre. Son œuvre. Une œuvre divine. Une œuvre bien faite… qui n’est plus à refaire tant elle est bien faite. Mais qui sans cesse est rappelée et célébrée, pour qu’elle soit bien accueillie et bien vécue.
De tous ces événements, les apôtres ont été les spectateurs, tour à tour bouleversés et apeurés. Mais qu’ils en aient été les témoins n’a pas suffi.
Des apparitions de Jésus ressuscité, les mêmes apôtres et de nombreux disciples, hommes et femmes, ont été les bénéficiaires. Ils ont reçu la plus belle des catéchèses : celle sortie de la bouche même de Jésus ressuscité. Mais cela n’a pas suffi.
Et l’envoi en mission décrété par Jésus les a interpellés et rejoints. Ils étaient concernés, ils étaient interpelés. Un peu effrayés de la perspective -pensez-donc, porter l’Evangile à la création entière, aux quatre coins de la terre- mais dans le même temps émus : comment cela, le Seigneur comptait sur eux ? Il leur faisait cette confiance. Mais cela n’a pas suffi.
Il a fallu une secousse, un coup de vent. Et enfin une sortie, une naissance.
Et depuis l’Eglise ne cesse de le rappeler lorsqu’elle redit son acte de Foi : « Je crois en l’Esprit-Saint, qui est Seigneur et qui donne la vie ». Pendant des siècles, elle a prononcé ces mots en latin : « Credo in Spíritum Sanctum, Dόminum, et vivificántem ». Et cela procure un saveur particulier : « je crois en l’Esprit-Saint qui vivifie ». Lui, il est Seigneur. Il est Dieu et il est don de Dieu, Dominum. Et, nous, il nous vivifie, vivificantem.
Le récit des événements de ce qu’a fait Jésus pour nous ne suffit pas. Pas plus que la catéchèse, ni le rappel de notre responsabilité.
Tout cela compte, tout cela est fondateur…
Et voilà que passe le souffle. Le feu de l’Amour de Dieu. Une part pour chacun. Un don personnel. Langue de feu visible sur la tête des apôtres et sourire sur nos lèvres.
L’Esprit-Saint qui passe. L’Esprit-Saint qui vivifie. L’Esprit-Saint qui anime en nous tout ce que nous avons reçu de la part de Jésus. Donné à chacun. A chacun. Sans exception. Foi de l’Eglise. Il ne faut pas en douter. Qu’est-ce que cela apporterait d’en douter ? Don précieux. Reçu avec grande émotion par certains, avec une douce sérénité pour d’autres : « Merci Seigneur de me donner ton Esprit d’Amour, de me remplir de ton Esprit de Sainteté, de placer en moi ce souffle divin qui me vivifie ».
Sortir de ce qui nous retient enfermés ou dans la peur, nous en avons besoin. Nous mettre à revivre davantage, nous en avons besoin. Accueillir l’Amour qui nous est donné gratuitement pour nous laisser revivifier, nous en avons besoin. Dire aux hommes et aux femmes de ce temps que Dieu réalise son œuvre d’amour même à travers des événements qui semblent dramatiques, que son Amour aura le dernier mot en toute chose, ils en ont besoin.
L’Eglise redevient toujours elle-même dans ce mouvement de sortie et de renaissance…
Au souffle de l’Esprit.
Belle fête de Pentecôte à chacun et chacune de vous !