C’est en novembre 2015, à la sortie de la messe du samedi soir de Sainte-Thérèse que j’ai été interpellé.
Une simple phrase prononcée par notre diacre Jérôme : « Vincent, as-tu déjà réfléchi au diaconat permanent ? » Cette phrase a changé beaucoup de choses. J’imaginais mal, à l’époque, le changement important que cela pouvait induire dans ma vie, dans notre vie de couple et de famille. Au-delà de l’effet de surprise initial, j’ai rapidement été troublé, ému et bouleversé. J’ai pensé à Pierre dans l’Évangile de Luc lors de la pêche miraculeuse. Je pense avoir mieux compris, à ce moment-là, ce que signifie la crainte de Dieu.
La prière a été un élément important de mon discernement. Etudiant, j’ai eu la chance de faire partie d’un Groupe Oraison et j’ai pris goût à cette forme de prière. C’est tout naturellement à Manrèse, lors de huit jours d’exercices spirituels, que j’ai souhaité demander au Seigneur s’il s’agissait d’un appel de sa part. Il m’a alors donné la grâce d’une réponse claire. Il m’a aussi permis de comprendre à quel point l’humilité est un chemin indispensable pour le rejoindre.
Cette simple question de Jérôme nous a donc mis en chemin mon épouse Marie et moi. Nous avons accepté de nous laisser déplacer, de nous mettre en mouvement. Nous sommes rentrés en pré-discernement puis en formation et progressivement l’Esprit a fait son œuvre. Et ce projet qui initialement n’était pas le mien, ce projet qui n’était pas celui de Marie est finalement devenu le nôtre. J’ai découvert la réalité de ce ministère « au seuil » dont la spécificité est d’être présence et signe de l’Eglise au service des Hommes dans la vie professionnelle, dans la vie associative, dans la vie familiale… Le diacre étant ordonné en vue du service mais aussi pour disposer l’Eglise et donc chaque baptisé au service.
J’ai découvert la complémentarité entre présence à l’autel et service du prochain. L’importance de ramener près de l’autel toutes les préoccupations, les interrogations, les blessures mais aussi les joies de ce monde. La présence dans le chœur lors des célébrations dominicales pour représenter les plus pauvres, les blessés de la vie, les personnes au seuil de l’Eglise et absentes de l’assemblée.
Dès notre mariage, il y a 31 ans, nous sommes rentrés aux Equipes Notre-Dame. Assez vite nous avons été appelés à différentes responsabilités au sein du Mouvement et pendant près de 25 ans nous avons enchaîné les services. Nous avons ainsi pu vivre quelques expériences fondatrices d’abandon. Faire son possible pour organiser un événement, mais rien ne se passe comme prévu. Savoir l’accepter dans la confiance et finalement être dépassé et surpris par les fruits produits. L’expérience d’une véritable multiplication des pains ! Relire ces signes du Seigneur rassure et facilite l’engagement. Je sais alors que lorsque le Seigneur appelle, il ne laisse pas tomber, il sera là et saura agir à travers moi et notre couple.
Accepter de se mettre en chemin, se mettre à l’écoute, se laisser déplacer par son prochain, se laisser façonner par la Parole, travailler à devenir plus humble, laisser la place au Seigneur, s’abandonner à lui…
Voilà ce que nous vivons particulièrement depuis 5 ans, voilà aussi ce à quoi nous sommes invités en ce temps de carême car au bout du chemin il y a Pâques ! « Lui, il faut qu’il grandisse ; et moi, que je diminue. » (Jn 3 30)