Et ils sont sortis
Père Antoine Vairon
Ils sortirent, ils prirent la parole et un grand nombre crut au Seigneur. L’aventure de l’Evangélisation était lancée, au souffle de l’Esprit.
Suffisamment puissante pour qu’elle traverse les siècles de l’histoire humaine. Suffisamment pertinente pour qu’elle ne puisse jamais être réduite à une idéologie parmi d’autres, mais que des personnes, dans une multitude de cultures, sous une multitude de latitudes, dans une multitude de contextes puissent se dire : “il y a quelque chose pour moi”.
Car c’est bien la clef et le ressort de toute évangélisation, celle que le Seigneur Jésus a confiée à son Eglise de manière irréversible, celle qu’il confie comme mission propre à chacun d’entre nous : un coeur qui frémit à ce qu’il n’avait pas entendu ou compris auparavant, un coeur qui s’émeut de se sentir désiré et aimé pour lui-même, un coeur qui perçoit que son destin individuel prend sens en découvrant sa place dans le projet d’amour de Dieu.
Mais pour cela, il leur a fallu sortir. Cette Pentecôte 2020 ne saurait être la reprise d’une pièce de théâtre au titre et à l’intrigue déjà connus. Vous le pressentez bien. Elle est irruption du souffle de l’Esprit divin dans notre humanité bouleversée et inquiète. Bouleversée par ce qu’elle vient de traverser ces dernières semaines et qui a mis un coup d’arrêt brutal aux modes de vies, de circulation, d’échanges internationaux. Inquiète car elle entrevoit que les répercussions économiques et sociales vont être colossales.
Dans l’inhabituel confinement auquel ils étaient, comme tant d’autres, contraints, les disciples du Christ pouvaient discerner la “chambre haute” dans laquelle il leur fallait se préparer à recevoir ‘le don d’en haut’, cette ‘force’ annoncée par le Ressuscité (cf. Lc 1, 8).
Riches du seul nom de Jésus, envahis du feu d’amour qui suscite chacun et réalise l’unité de l’ensemble, envoyés ‘sans bâton, ni sac, ni argent, ni tunique de rechange’ (Lc 9, 3), les disciples du Christ doivent se lancer dans le temps présent pour transmettre l’Esprit de Dieu, l’Esprit d’amour qui fait sortir de la peur, l’Esprit créateur qui renouvelle la face de la terre.
Relever les défis immenses qui attendent notre société française et notre temps ne se fera pas sans souffle ni sans créativité.
Aux disciples du Ressuscité que nous sommes d’oser dire que leur source est dans le Dieu de JésusChrist et que son Esprit d’Amour est offert à ceux qui s’y ouvrent.