Quand nous suivons la messe sur la chaîne Youtube des paroisses de Rueil ou sur tout autre canal, parce que nous sommes empêchés d’aller à l’église, nous posons un acte de communion spirituelle. Notre évêque nous explique.
En cette période où nous ne pouvons recevoir la communion de manière sacramentelle, nous pouvons faire une « communion spirituelle », c’est-à-dire une communion non sacramentelle, une « communion de désir ». Ainsi, faire une communion spirituelle consiste à faire un acte de foi et de désir de la communion eucharistique en demandant à Dieu de verser en nous les grâces que nous aurions aimé recevoir en communiant sacramentellement mais que nous ne pouvons pas recevoir hic et nunc. Cette communion non sacramentelle porte les fruits du sacrement car si le Seigneur a lié sa grâce aux sacrements, le Seigneur n’est pas lié par ses sacrements : Il peut et, de facto, Il donne sa grâce aussi en dehors de la réception des sacrements. Cette forme de communion suppose la foi et la charité, donc l’état de grâce.
La meilleure définition qui ait été faite de la Communion Spirituelle reste sans doute celle du saint Concile de Trente : « Elle consiste dans un ardent désir de se nourrir du Pain céleste, avec une foi vive qui agit par la charité et qui nous rend participants des fruits et des grâces du Sacrement » (Session XIII, ch. 8).
Pour ce qui est des fruits (ou effets) de cette Communion de Désir, les théologiens affirment que ce sont les mêmes que ceux de la Communion Sacramentelle. Résumons-les en quatre mots avec Saint Thomas : « Comme l’autre communion… elle soutient, fortifie, répare et réjouit » . Sans oublier l’effet principal qui est de nous unir au Christ d’une manière si intime que nous puissions dire avec saint Paul : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20).
Voici quelques exemples de prières pour guider cette communion spirituelle.
Prière pour la communion spirituelle de saint Alphonse de Liguori
Mon Jésus, je crois à votre présence dans le Très Saint Sacrement. Je vous aime plus que toute chose et je désire que vous veniez dans mon âme. Je ne puis maintenant vous recevoir sacramentellement dans mon Cœur : venez-y au moins spirituellement. Je m’unis à vous tout entier, comme vous possédant en effet. Ne permettez pas que j’aie jamais le malheur de me séparer de vous.
Saint Padre Pio:
« Mon Jésus, je crois que vous êtes ici présent dans le Saint Sacrement. Je vous aime par-dessus toutes choses et je désire ardemment vous recevoir. Mais puisque, en ce moment, je ne peux le faire sacramentellement, venez au moins spirituellement dans mon cœur. Comme si vous y étiez déjà présent, je vous adore et je m’unis entièrement à vous ; ne permettez pas que je me sépare jamais de vous. Jésus, mon bien, mon doux amour, enflammez mon cœur d’amour, afin qu’il brûle toujours d’amour pour vous. Chérubins, Séraphins qui adorez Jésus au Saint-Sacrement, nuit et jour, priez pour nous et donnez-nous la sainte bénédiction de Jésus et de Marie. Au Nom du Père et du Fils et du SaintEsprit. Amen. »
Une communion de désir qui se vit à travers cette jolie prière :
« Puisqu’il ne m’est pas donné de te recevoir dans cette hostie Seigneur, je te sais assez puissant pour que tu te donnes à moi autrement. Mon cœur te désire, Viens, Seigneur ! Amen. »
Composé par Mgr Centène, évêque de Vannes
« Seigneur Jésus, je crois fermement que Tu es présent dans le Saint Sacrement de l’Eucharistie. Je T’aime plus que tout et je Te désire de toute mon âme. « Après toi languit ma chair comme une terre assoiffée » (psaume 62) Je voudrais Te recevoir aujourd’hui avec tout l’amour de la Vierge Marie, avec la joie et la ferveur des saints. Puisque je suis empêché de Te recevoir sacramentellement, viens au moins spirituellement visiter mon âme. En ce temps de carême, que ce jeûne eucharistique auquel je suis contraint me fasse communier à Tes souffrances et surtout, au sentiment d’abandon que Tu as éprouvé sur la Croix lorsque Tu t’es écrié : « Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ? ».
Que ce jeûne sacramentel me fasse communier aux sentiments de Ta Très Sainte Mère et de Saint Joseph quand ils T’ont perdu au temple de Jérusalem, aux sentiments de Ta Sainte mère quand elle Te reçut, sans vie, au pied de la Croix. Que ce jeûne eucharistique me fasse communier aux souffrances de Ton Corps mystique, l’Église, partout dans le monde où les persécutions, ou l’absence de prêtres, font obstacle à toute vie sacramentelle. Que ce jeûne sacramentel me fasse comprendre que l’Eucharistie est un don surabondant de Ton amour et pas un dû en vue de mon confort spirituel.
Que ce jeûne eucharistique soit une réparation pour toutes les fois où je T’ai reçu dans un cœur mal préparé, avec tiédeur, avec indifférence, sans amour et sans action de grâce. Que ce jeûne sacramentel creuse toujours davantage ma faim de Te recevoir réellement et substantiellement avec Ton corps, Ton sang, Ton âme et Ta divinité lorsque les circonstances me le permettront. Et d’ici là, Seigneur Jésus, viens nous visiter spirituellement par Ta grâce pour nous fortifier dans nos épreuves. Maranatha, viens Seigneur Jésus. »
Dans son Introduction à la vie dévote, saint François de Sales invite Philothée, fidèle laïque qui vit dans le monde, à recourir à cette pratique : « quand vous ne pourrez pas avoir ce bien de communier réellement à la sainte messe, communiez au moins de cœur et d’esprit, vous unissant par un ardent désir à cette chair vivifiante du Sauveur ».
Sainte Thérèse d’Avila à ses filles du Carmel :
« Lorsque vous ne recevez pas la communion à la Messe que vous entendez, écrit la réformatrice du Carmel, communiez spirituellement, c’est là une méthode très avantageuse […] vous imprimerez ainsi en vous un amour profond pour notre Seigneur » Le saint Curé d’Ars donnait cette belle comparaison à ses paroissiens : « la communion spirituelle fait à l’âme comme un coup de soufflet au feu qui commence à s’éteindre, mais où il y a encore beaucoup de braise : on souffle et le brasier se rallume ».
Une pratique sacerdotale quotidienne : Saint Josemaria Escriva disait cette formule qu’il avait apprise au catéchisme lorsqu’il était enfant : « Je voudrais, Seigneur, te recevoir avec la pureté, l’humilité et la dévotion avec lesquelles ta très Sainte Mère te reçut, avec l’esprit et la ferveur des saints. »