Etre chrétien en temps de confinement
P. Yannick Demey
« De même aussi du temps de Lot : on mangeait, on buvait, on achetait, on vendait, on plantait, on bâtissait. Le jour où Lot quitta Sodome, une pluie de feu et de souffre tomba du ciel, qui fit périr tout le monde. Il en sera de même le jour où le Fils de l’homme doit se révéler. »Luc 17,28-30.
Ces paroles de l’évangile de Luc invitent essentiellement à être attentif et prêt à accueillir les signes du Royaume. Qu’en est-il des signes du Royaume avec cette épidémie ?
Notre monde, notre société, nos vies peut-être, sont placés sous le signe de l’accélération du temps depuis un certain nombre d’années déjà. Il s’agit pour tout un chacun d’être dans cette course au risque de rester au bord de la route, lâché tel un cycliste qui aurait perdu le contact avec le peloton lancé à toute allure. Et des « lâchés », notre société en laisse de plus en plus au bord de la route.
Le virus, cette forme de vie primitive et microscopique, vient porter un coup d’arrêt brutal et soudain à cette accélération, au moins pour un temps. Que surgira-t-il de cette pandémie dans quelques mois quand, souhaitons-le, nous aurons maîtrisé cette épidémie ?
Pour l’heure, nous voilà donc confinés chez nous, dans des conditions matérielles parfois fort différentes selon les dimensions de nos maisons ou appartements. Heureusement, les moyens techniques actuels viennent élargir notre horizon de relation avec nos familles et amis, proches ou éloignés ou encore avec nos groupes paroissiaux.
Être confiné est une situation nouvelle pour certains, habituelle pour d’autres : pensons aux personnes isolées en maison de retraite qui vivent cette situation de façon habituelle. Pensons également aux moines et moniales contemplatifs qui ont choisi délibérément cette forme de vie pour précisément favoriser une forme de vie qui ouvre sur une quête de Dieu, une unification intérieure et une vie communautaire. Il nous est peut-être déjà arrivé de vivre un temps de retraite dans un monastère pour nous ressourcer et donner une place centrale à la prière et au silence. En cette période de confinement, qui est pour nous le temps du Carême, nous voilà comme en temps de retraite dans nos maisons alors que se profilent à l’horizon liturgique la Semaine Sainte et Pâques. Ce moment inédit est donc un appel pour chacun à retourner à l’essentiel, au mystère de chacune de nos existences, données et offertes.
Laissons-nous donc renouveler intérieurement par la Seigneur car son projet est un projet de vie.
« Oui, je reviens en hâte », déclare celui qui atteste tout cela. « Amen. Viens, Seigneur Jésus! ». Ap 22,20