Une dimension de conversion écologique dans notre carême
par le Père Antoine Vairon
La conversion : retournement, changement d’attitude, de direction, de comportement. Quitter ce qui nuit à la vérité, à la charité, aux droits des pauvres… pour adopter un comportement qui promeut le bien véritable et qui ouvre à l’avenir. Voilà bien un vocabulaire de la tradition religieuse qui est en consonance avec le carême. Or, c’est le même vocabulaire qui circule depuis quelques années en parlant de conversion écologique. Comment cela, l’enjeu écologique serait-il donc si grave ? Dans la conversion religieuse, il y a une question de salut. Ultimement un enjeu de vie ou de mort. En serait-on là pour parler de conversion écologique ? Toute personne formée et informée vous répondra que oui, que les enjeux sont considérables, que le devenir de l’humanité est concerné et que, dès aujourd’hui, la dégradation écologique est une question de vie ou de mort pour certains, les plus pauvres en particulier. Je suis convaincu que ces questions écologiques, ces enjeux qui touchent à l’avenir sanitaire, alimentaire, économique et démographique habitent nombre d’entre vous depuis des années, tant dans vos réflexions que dans vos évolutions de comportements. Alors pourquoi parler de conversion écologique dans ce temps de carême ? Pour que cette préoccupation devienne commune et communautaire. Qu’elle habite davantage nos discussions au sein de la paroisse et qu’elle nous invite à un questionnement sur notre agir commun, car celui-ci a toujours plus de force que l’agir individuel. Dans cette préoccupation, les ‘Semaines Sociales de Rueil’ vont nous apporter leur dynamisme et leur expertise pour stimuler notre réflexion. D’abord en nous invitant à revisiter (et si c’est une première découverte, elle est urgente !) l’encyclique du pape François ‘Laudato Si’ par trois rencontres, dont la première est mardi prochain (3 mars, cf. p. 4). Déjà 5 ans que le pape a offert, non seulement à l’Eglise, mais à l’humanité, ce texte majeur qui est susceptible d’avoir un impact considérable si les 1,7 milliards de catholiques le prennent au sérieux. Les observateurs extérieurs ont été heureusement stupéfaits par ce texte, le seront-ils par l’action des catholiques ? Comme toujours, la responsabilité impose de commencer par nous, ici et maintenant. Au mois de novembre dernier, la conférence des évêques de France a fait une place très importante à ces préoccupations écologiques. Et cette réflexion va se prolonger sur plusieurs années. Depuis deux ans, le label ‘Eglise verte’, à la fois promu par l’Eglise catholique et avec une dimension œcuménique, se développe dans bien des paroisses. Le jeudi 12 mars, nous vous proposerons une soirée ‘ruche’, qui sera l’occasion de partager vos efforts écologiques déjà réalisés mais aussi vos réflexions pour nos paroisses, et alors de voir quels sont ceux, parmi vous, qui aimeraient soutenir cet effort écologique en leur sein. Ce carême va donc être pour nous un accélérateur dans ces questions. Si besoin, un temps d’éveil des consciences. La création est un don de Dieu. Elle nous est confiée, collectivement. Et certaines conversions s’imposent.