Depuis quelque temps, nous sommes invités, pendant l’Avent et le Carême, à nous retrouver le vendredi matin pour prier ensemble l’office des Laudes.
De quoi s’agit-il ?
C’est la deuxième des « Heures », offices célébrés dans les monastères, après Matines (milieu de la nuit ou tout petit matin), et avant Tierce (selon la façon de dire dans l’antiquité romaine, où on faisait commencer la journée à 6 heures : la troisième (« tierce ») correspond donc à ce qui est pour nous 9 heures), Sexte (« sixième heure », c’-est-à-dire midi), none ( « neuvième heure », ou 15 heures pour nous), vêpres en fin d’après-midi (vespera en latin signifie « soir), et complies ( du participe latin completae (horae), avant le coucher : c’est la dernière prière du jour, par quoi l’office liturgique est complet.
L’eucharistie est certes la prière fondamentale, et les premiers chrétiens se retrouvaient pour la célébrer (dans une forme tout autre que celle que nous connaissons), en chantant la louange divine. La Bible rappelle en effet que tout instant est propice à la prière, « le soir, et le matin, et à midi » (Ps. 55), et saint Paul donne cette consigne à la communauté d’Éphèse : « Dites entre vous des psaumes, des hymnes et de libres louanges, chantez le Seigneur et célébrez-le de tout votre cœur » (Eph 5,13).
Tant que les chrétiens se retrouvaient en communauté, c’est ensemble qu’ils se livraient à la prière, fondée majoritairement sur le chant des Psaumes ; peu à peu les nécessités de la vie firent obstacle à de tels rassemblements, et la prière se fit plus individuelle, ou familiale. Au 4ème siècle, les Heures se célébraient surtout dans les monastères ou dans l’entourage des ascètes. Au siècle suivant, il n’était pas rare que des fidèles se retrouvent dans leur église, en pleine journée, souvent en présence de leur évêque qui les évangélisait et présidait la prière.
Plus tard, la prière des Heures fut une obligation du clergé, soit réuni en communauté, soit en privé, et on mit à sa disposition des recueils de psaumes, d’hymnes et de prières diverses. Saint Pie V, en 1568, imposa un nouveau et unique recueil, le « bréviaire », qui contenait ces prières plus succinctement.
Pour en revenir aux Laudes, c’est donc la meilleure « prière du matin », où l’on rend grâce à Dieu de nous avoir gardés durant la nuit, et où on lui offre la journée qui s’ouvre. Certes, chacun peut le faire en son quant-à-soi, mais n’oublions pas la parole de Jésus : « Là où deux ou trois se réunissent en mon nom….. ». De grands saints ne disent pas autre chose lorsqu’ils écrivent : «Le matin, il faut prier afin que la résurrection du Seigneur soit célébrée » (saint Cyprien), ou « Louange du matin pour consacrer à Dieu les premiers mouvements de notre âme et de notre esprit, pour que nous n’entreprenions rien avant de nous être réjouis à la pensée de Dieu » (saint Basile le Grand).
J.-P. Demuyter
Texte extrait de l’info-lettre de Notre Dame de la Compassion – février 2020