Les sujets du monde et nos engagements de chrétiens
par Alban Sartori, futur ex-Président des Semaines Sociales de Rueil
Le week-end dernier, le Père Antoine nous invitait à découvrir les déclarations récentes d’évêques de tout premier plan sur la bioéthique. Elles sont en effet remarquables, à trois égards au moins. Elles sont le fruit de plusieurs mois de travail, notamment avec des spécialistes mais aussi dans le dialogue avec de nombreux élus. Elles invitent à ne pas se cantonner à un « non » mais à proposer une définition à partager du Bien commun. Ces déclarations insistent enfin sur le devoir de ne pas être ceux qui « joueraient » la division dans l’Eglise ou la société, au nom de convictions aussi sincères soient-elles. Considérons à sa juste valeur la manière dont ces évêques ont travaillé et nous proposent de travailler à notre tour. Le week-end dernier, Paris accueillait d’autres manifestations, sur des sujets de toute première importance eux-aussi : la défense de l’environnement et l’avenir des retraites en France. Il y avait de très nombreux « hommes et femmes de bonne volonté », venus dire leur inquiétude sincère et souvent légitime, et dont beaucoup sont engagés depuis longtemps sur ces sujets. Parmi eux, des chrétiens.
« Tout est lié » nous dit le Pape François et il serait bon qu’on ne s’intéresse pas à notre avis uniquement sur les enjeux de début ou de fin de vie. Car nous le savons, c’est l’Homme et tout l’Homme, au fil de sa vie, qui doit faire l’objet de notre sollicitude. Nous sommes appelés par l’Evangile et la Pensée sociale de l’Eglise à investir le temps long avec d’autres, par notre réflexion, notre discernement et nos actions. Et dans ce monde chahuté, nous ne pouvons pas nous contenter de vivre « bien tranquilles dans Sion » et devons agir, comme nous le pouvons, pour tous les Lazare d’aujourd’hui. Il y a 12 ans, en créant les Semaines Sociales de Rueil, avec l’irremplaçable Bernard Schneckenburger et un premier groupe de paroissiens, c’est bien à cet appel que nous souhaitions répondre. Modestement, nous voulions proposer un lieu pour nourrir nos engagements, dans la fidélité à la Pensée sociale de l’Eglise. Un lieu où la démocratie ne soit pas « l’exutoire de nos amertumes mais le lieu où par le débat se forge une volonté collective », comme le disait Jean Boissonnat, ancien Président des Semaines Sociales de France (SSF). Etre aussi « des sentinelles et des passeurs d’idées […] parce que nul ne peut ignorer le monde ou s’en dire innocent », comme l’écrivait le Président Jacques Chirac aux SSF en 2004.
Au travers de nos soirées, formations, animations de groupes et grâce au soutien des différents curés à Rueil, nous avons eu la grâce de rencontrer des milliers de personnes au cœur de leurs engagements. Se souvenir de cette foule de croyants et « hommes et femmes de bonne volonté » en chemin et à l’œuvre est une grâce et une joie ! Je suis aussi très reconnaissant aux amis qui ont accepté de renouveler notre Conseil d’administration et continuer notre « aventure » d’association catholique locale, en particulier Dominique Pelloux-Prayer, mon successeur pressenti. Leurs travaux continueront à Rueil à nous ouvrir un espace de réflexion et de dialogue, indispensable pour soutenir nos engagements. L’avenir de notre monde est incertain mais, de cela, je me réjouis vraiment !