PMA : réfléchir, prier, agir
Père Antoine Vairon
J’attire votre attention sur la prise de parole introductive de Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des Evêques de France, lors de la soirée sur la Bioéthique, lundi 16 octobre 2016, au collège des Bernardins (Paris).
Nous sommes inquiets, c’est pourquoi nous parlons [ce soir]. Nous sommes inquiets pour notre société française et, plus globalement, pour les sociétés occidentales.
Depuis des mois, nous nous sommes exprimés de manières multiples : des fiches ont été éditées l’an passé et envoyées aux parlementaires, nous avons rencontré les autorités de l’État. Nous avons cultivé une posture d’écoute et de dialogue. Nous le reconnaissons volontiers : nous avons été entendus et même écoutés avec attention et respect. Mais nous ne pouvons que constater que nos responsables politiques et beaucoup de nos parlementaires restent aveugles aux enjeux de ce qu’ils vont décider parce qu’ils sont fascinés par les promesses des techniques médicales et les techniques juridiques.
Ils sont en cela semblables à beaucoup de nos concitoyens, en particulier celles et ceux qui souffrent et qui entendent les promesses qu’on leur fait. Mais le bon sens existe aussi dans notre pays ; il s’est exprimé l’an passé lors des États généraux de la bioéthique, comme il s’était exprimé dans des conditions analogues lors de la précédente révision des lois de bioéthique et nous ne pouvons que constater qu’aujourd’hui comme hier, on se refuse à lui prêter vraiment attention.
Permettez-moi de le dire avec force : nous entendons, nous comprenons la souffrance de celles et de ceux qui ne peuvent avoir d’enfants par leur union avec une personne de l’autre sexe qui a décidé de les aimer. Nous entendons et nous comprenons la souffrance des femmes homosexuelles qui aspirent à avoir un enfant. Car, assurément, avoir un enfant est la manière la plus sûre d’être tiré hors de soi, d’être tiré vers un amour inconditionnel et de pouvoir espérer être aimé ainsi en retour.
C’est précisément un drame pour notre société que de ne pouvoir encourager les hommes et les femmes à s’aimer l’un l’autre en se décentrant chacun de lui-même ou d’elle-même.
Mais la beauté de l’amour d’un parent pour son ou ses enfants ne suffit absolument pas à justifier que l’on livre la procréation à la manipulation médicale et la filiation aux bricolages que l’habileté des montages juridiques sophistiqués font imaginer.
Nous ne disons pas que les enfants ainsi conçus seront fatalement malheureux : l’être humain a une formidable capacité à s’ouvrir des chemins de bonheur tout autant qu’il est capable de se plaindre. Mais nous disons que nos sociétés se trompent collectivement lorsqu’elles prétendent résoudre les souffrances des uns et des autres par des techniques médicales et juridiques et lorsqu’elles transforment la médecine faite pour soigner et guérir si possible en réponse aux demandes et aux frustrations. Nous nous inquiétons lorsque nous constatons que nous ne savons plus faire face aux limites et aux douleurs de la condition humaine qu’en constituant sans cesse des droits nouveaux à exiger.
Allez également lire ou voir :
- sur internet « Soirée bioéthique aux Bernardins : interventions de Mgr Éric de Moulins-Beaufort ».
- Intégralité de la soirée du 16 octobre : sur Youtube « Bioéthique : les positions des évêques de Frances » (1h30)
- Nouveau livre mis en valeur lors de cette soirée : « Bioéthique, Quel monde voulons-nous ? discerner des enjeux d’humanité ». par Mgr Pierre d’Ornellas et le Groupe bioéthique de la Conférence des évêques de France
- Déclaration signée par tous les évêques de France : « La dignité de la procréation » (coédition, Cerf, Bayard, Mame) septembre 2018. Je vous conseille la synthèse en 4 pages téléchargeable
- Autres ressources de textes de référence
Manifestation du 6 octobre à l’appel d’un collectif d’associations, contre l’élargissement de la PMA :
Le président de la Conférence des évêques de France Éric de Moulins-Beaufort a estimé lundi 16 septembre que les citoyens, catholiques ou non, “inquiets” du projet de loi bioéthique, avaient “le devoir” de manifester le 6 octobre, journée de mobilisation contre ce texte. “Personnellement, je ne vois pas comment nous pourrions empêcher des citoyens, catholiques ou non, inquiets de ce projet de loi, de manifester s’ils pensent que c’est un moyen utile pour se faire entendre”, a-t-il déclaré à la presse, à l’issue d’une conférence sur le projet de loi organisée par la CEF. “J’aurais tendance même à dire qu’ils ont le devoir de le faire”, a-t-il ajouté.