Au-delà de cette limite, votre ticket n’est plus valable,
par le P. François Marxer
L’avertissement est tranchant, sans appel : le ticket que tu as en main, sésame d’une existence tranquille, raisonnable (et même rationnelle, tant qu’à faire !), à l’abri des surprises et des coups du sort, eh bien, n’est plus valable. Tu viens de franchir une limite, presque une frontière : te voilà sur le territoire de Quelqu’un d’autre dont tu n’étais pas familier et tu vas t’apercevoir que c’est, non pas une terre étrangère, mais ton propre patrimoine. Ça a été la découverte de Moïse : il patrouillait dans le désert, soudain, une présence énigmatique, il veut en avoir le cœur net, il s’approche, ça lui parle : « Retire tes sandales, tu es sur une terre sainte, mets-toi à l’aise comme quand tu rentres chez toi et que tu retires tes grolles ; tu es chez moi et donc tu es chez toi ! »
e catéchumène en est là. Soudain, une Présence. Inopinée, inqualifiable, incontournable aussi. Et qui devient familière, indispensable même. Oh, dis-moi, quel est donc Celui-là qui s’est glissé dans ma vie, qui me surprend et qui me tranquillise ? Eh bien, un chrétien va t’accompagner dans cette découverte ; lui l’a déjà rencontré, en serait-il savant comme un instituteur qui sait tout et qui serait le maître, et toi le bon élève studieux ? Certainement pas, pour lui aussi, c’est une aventure et il va découvrir à nouveaux frais cette Présence grâce à toi : il va « t’évangéliser Jésus » – une Bonne Nouvelle ! –, comme disent les Actes des Apôtres (8, 35), mais toi, tu seras un évangile – Bonne Nouvelle, là encore ! – pour lui aussi, pour peu qu’il se soit assoupi dans la routine ; tu vas le réveiller.
À Pâques prochaines, ils seront huit adultes (de 22 ans à 51 ans) qui recevront le baptême d’eau et d’Esprit-Saint : nouvelle naissance, et ils s’y préparent avec ferveur et étonnement. Connaîtriez-vous dans votre entourage, ou voisinage, l’un ou l’autre à qui le Christ s’est soudainement autant que discrètement présenté ? N’hésitez pas, parlezleur, on les attend, ne sont-ils pas la jeunesse de l’Église ? Et vous, ne seriez-vous pas tentés par l’aventure intérieure, de prendre le chemin avec ceux qui demandent : « Comment comprendrais-je si personne ne m’explique ? » Et puis ce n’est pas moins vrai pour ces “vieux” chrétiens qui marchent à cloche-pied : baptisés, ils le sont, mais pas confirmés. Alors l’âme se fatigue à clampinotter ainsi au long de la vie…
Je vous préviens, le pari est rude, mais passionnant : transmettre l’intransmissible ; transmettre, ni de la camelote ni des bricoles, mais l’éblouissement du Dieu vivant qui vient, et à son allure vers toi aussi qui accompagne comme vers celui, vers celle à qui il a révélé sa Présence.