Contribution de la Communauté catholique
Mairie de Rueil-Malmaison
Salon Richelieu
Extrait du psaume 84 (85 dans la numérotation hébraïque) :
Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut.
J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ?
Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple et ses fidèles ; qu’ils ne reviennent jamais à leur folie !
Son salut est proche de ceux qui le craignent, et la gloire habitera notre terre.
Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent ;
la vérité germera de la terre et du ciel se penchera la justice.
Le Seigneur donnera ses bienfaits, et notre terre donnera son fruit.
La justice marchera devant lui, et ses pas traceront le chemin.
Méditation du père Antoine Vairon
Curé ‘in solidum’, modérateur des paroisses catholiques de Rueil-Malmaison
La grande guerre. La der des der. I siècle déjà… Et nous qui sommes dans cette salle, nous qui avons surpris notre temps ce matin pour être ensemble, volontairement et symboliquement ensemble, nous savons bien que cette guerre dont nous commémorons le centenaire de l’armistice n’a pas été la dernière.
Nous savons qu’il y en a eu d’autres et surtout d’un autre genre.
Car les vingtièmes et début du XXIe siècle nous ont appris que la guerre n’était plus seulement volonté de conquête de territoires et d’influence, plus seulement querelles de successions, plus seulement rivalités des gouvernants et des nations mais qu’il y avait aussi des guerres idéologiques. Il y avait aussi des génocides dans lequel on veut détruire l’autre simplement parce qu’il existe, parce qu’il est différent, parce qu’il ne pense pas comme nous.
Et nous savons aussi, si nous ne perdons pas la mémoire, qu’il y a des guerres nécessaires : car il a été, au cours de ses 100 ans qui nous séparent de 1918, nécessaire de se dresser contre ces idéologies négatrices de la dignité humaine et honteuses pour notre humanité. Il a été nécessaire de se lever avec détermination, avec une volonté farouche et persévérante, avec l’intelligence des moyens et de la logistique, avec abnégation et souvent jusqu’au sens du sacrifice pour mettre à bas des idéologies mortifères.
Je ne sais pas pour vous, chers amis, mais, pour ma part, je n’ai pas envie d’être un tenant naïf de la paix. La commémoration de cette année revêt une tonalité particulière. Cependant elle ne nous conduit pas à nous tourner d’abord vers le passé mais bien vers le futur. Le futur que nous avons à construire. Le futur que nous construisons, chacun d’entre nous à notre mesure avec les paroles et les actes que nous posons. « Heureux les artisans de paix, ils seront appelés fils de Dieu » dit Jésus dans le texte de Béatitudes que nous vous proposons de réentendre dans quelques instants.
Artisans de paix. Nous sentons bien aussi qu’une société comme la nôtre, marquée par le confort, le consumérisme et de forts courants individualistes peut conduire à l’affaiblissement des consciences et à l’érosion des volontés.
Or, permettez-moi de vous le dire avec beaucoup de simplicité et aussi de netteté ce matin, précisément parce que vous faites tous partie des hommes et des femmes qui voulez avoir une conscience éveillée, et que votre présence ici même en est la preuve, nous avons besoin de détermination.
Dans notre monde, dans notre propre société, agissent des personnes qui mettent leur énergie et, malheureusement, leur intelligence à travailler à des œuvres de mort : dominations voire exploitation économique, nouvelles formes d’asservissement, banditisme, actes de terrorisme… Ils sèment la mort et la corruption, et nous avons à semer ce qui conduit à la vie.
Aujourd’hui, il me semble que cette commémoration nous pousse à renouveler notre engagement intérieur. Il nous appartient de choisir ou non d’être un « artisan de paix » là où nous sommes.
J’aime bien cette expression d’artisan, car elle évoque qu’il y a bien un travail à accomplir, et que celui-ci demande du savoir-faire, comme un bon artisan a pris de l’expérience et connaît son métier.
Il nous appartient de savoir si nous voulons résolument être « artisan de paix » dans notre propre famille – et je sais que ce n’est pas toujours facile de commencer là -, dans notre communauté religieuse respective – en luttant notamment contre les tentations de raidissement et de rejet de l’autre -, dans nos associations diverses, dans notre ville de Rueil, dans les relations entre nous qui sommes aussi différents.
En France, nous avons la chance de vivre depuis des sizaines d’années dans un pays en paix, même si traversé par des tensions qu’il nous faut savoir décrypter. Mais il n’en va pas de même partout dans notre monde et le pape François a même utilisé l’expression de « troisième guerre mondiale par morceau ».
Dans ce contexte, nous avons une responsabilité et une tâche.
Est-ce que dans 50 ans, dans 100 ans, nos descendants seront fiers des attitudes et des actes que nous avons posés dans le temps qui est le nôtre ?
Mais je laisse la parole à Celui qui a reçu le surnom de « prince de la Paix ».
Je vous remercie de m’avoir écouté.
Evangile de Jésus-Christ selon Saint Matthieu :
Chapitre 5, versets 1 à 12
Voyant les foules, Jésus gravit la montagne. Il s’assit, et ses disciples s’approchèrent de lui.
Alors, ouvrant la bouche, il les enseignait. Il disait :
« Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés.
Heureux les doux, car ils recevront la terre en héritage.
Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés.
Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde.
Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.
Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu.
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, car le royaume des Cieux est à eux.
Heureux êtes-vous si l’on vous insulte, si l’on vous persécute et si l’on dit faussement toute sorte de mal contre vous, à cause de moi.
Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense est grande dans les cieux !
versets 43 à 48
Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi.
Eh bien ! moi, je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent, afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux ; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, il fait tomber la pluie sur les justes et sur les injustes.
En effet, si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense méritez-vous ? Les publicains eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?
Et si vous ne saluez que vos frères, que faites-vous d’extraordinaire ? Les païens eux-mêmes n’en font-ils pas autant ?
Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait.