Pierre Aubry
par Père Guy Rondepierre
70 ans de ministère ! J’ai envie de dire c’est extraordinaire.
Pierre est né en 1924. Il est ordonné prêtre très tôt à 23 ans, c’était la fin de la guerre et il fallait, si je puis dire, que l’Église reconstitue les troupes …
Sa famille étant de Maisons-Lafitte, ville avec laquelle il aura gardé un lien privilégié, Pierre est donc ordonné pour le diocèse de Versailles.
La chronologie dit qu’il est d’abord vicaire pendant un an à Mantes-la-Jolie, puis cinq ans à Chaville, puis encore 15 ans à Saint-Cloud. C’est là notamment qu’il aura à accompagner son curé dans la construction de la belle église Stella Matutina.
Suivent ensuite trois missions de curé, qui seront des missions sensibles :
- en 1968, il est curé à Villeneuve-la-Garenne, ville en pleine mutation démographique et urbanistique,
- en 1973, il est envoyé à Clichy. On sait que la paroisse était précédemment confiée aux Fils de la charité. Il fallait passer alors d’une équipe nombreuse de religieux à une petite équipe de prêtres diocésains jeunes et confrontés à la nécessité de vivre autrement la relation pastorale : ce fut un beau et difficile challenge.
- en 1980, il est nommé curé à Meudon-la-Forêt. Là encore, mais pour des raisons différentes, une succession difficile. Là encore, une ville en pleine expansion, un peu comme une ville nouvelle sur son plateau.
Pierre avait souhaité rejoindre la vie des personnes autrement que par la paroisse. Il avait donc demandé à travailler professionnellement. Pendant de nombreuses années, il sera bagagiste à la Gare Saint-Lazare tout en assurant ses charges paroissiales. Il a souvent évoqué ce travail et cette proximité avec les personnes rencontrées : c’était bien pour lui un lieu de ministère. Il aura aussi accompagné des équipes d’Action catholique en Monde ouvrier ainsi que des équipes de religieuses elles-mêmes en emploi professionnel. Tous ces accompagnements étaient pour lui importants.
On se souvient aussi que Pierre avait un frère prêtre qui était très vite parti au Mexique dans ces grandes années 1970 où chacun cherchait à donner à l’Église un visage renouvelé.
En 1992, à 68 ans, il arrive à Nanterre. Il y accomplira différentes missions qui seront souvent des missions de suppléance dans des contextes difficiles : vicaire et curé à Sainte-Marie des Fontenelles, administrateur de l’ensemble Nanterre Nord, doyen de la ville.
A 75 ans, à l’âge canonique de la retraite, tout en habitant chez lui à Maisons Lafitte, il est appelé à rendre des services dans les paroisses de Rueil. Finalement il y restera presque 20 ans : 20 ans de présence, 20 ans de prédications, Pierre avait un grand art de la prédication, 20 ans d’accompagnements divers, avec toujours la même passion de servir les personnes, de les aider à faire de leur vie quotidienne le lieu où se révèle et s’accomplit leur vie chrétienne.
Nous avons reçu le témoignage d’une équipe MCC qu’il a accompagnée pendant toutes ces années : il avait gardé, écrivent-ils, un profond intérêt pour le monde économique et ses acteurs. Il nous éblouissait souvent par sa relecture de nos échanges sur les thèmes traités et nous aidait à trouver toujours l¹étincelle d¹espoir dans les difficultés et la présence du Christ dans nos vies.
De tout cela il faudrait un jour écrire l’histoire.
Je me permets d’ajouter, ayant eu moi-même à accompagner Pierre dans cette longue marche vers la Maison de retraite : il a vécu cette marche, dans la peine, certes, mais dans une foi et une disponibilité profonde.
Merci Pierre pour tout cela.